Belgique

Soupçon de conflit d’intérêts : Petra De Sutter (Groen) politiquement fragilisée par ce qui devient un scandale d’État

Ce procédé est légal mais ces deux personnes ont travaillé sur la négociation du contrat de gestion de bpost pour le compte de la vice-Première, qui a à sa charge la compétence “Entreprises publiques” au sein du gouvernement fédéral. En soi, ce simple fait posait déjà la question d’un conflit de loyauté envers l’entreprise qui les paie et le cabinet ministériel qui les emploie provisoirement.

Des liens trop rapprochés entre la ministre Petra De Sutter et bpost ?

Mensonges ?

Petra De Sutter a juré qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêts. Mais de nouvelles révélations de nos confrères du Tijd, ce jeudi, laissent penser qu’elle s’est trop avancée… Voire qu’elle a menti. Des messages échangés sur WhatsApp entre Kurt Van Raemdonck, le chef de cabinet de De Sutter, et Dirk Tirez, ancien CEO de bpost, démontrent qu’au moins un des deux experts a travaillé sur le dossier très sensible pour bpost de la distribution de journaux. Dans ses messages, l’ex-CEO s’inquiétait de la baisse potentielle du budget octroyé par l’État à bpost pour cette concession. Dans ses réponses, le chef de cabinet de Petra De Sutter s’est voulu rassurant et lui a indiqué qu’un des deux experts gérait, en effet, le dossier “distribution des journaux”…

Face à ces révélations, la vice-Première maintient sa position : « Il n’y a pas de conflit d’intérêts au sein de mon cabinet dans le dossier de la concession de la distribution des journaux« , a-t-elle fait savoir. Toutefois, la pression monte sérieusement sur Petra De Sutter. Le parlement est en congé cette semaine mais, jeudi prochain, en plénière de la Chambre, la cheffe de file des verts flamands au fédéral devrait être mise sur le gril. Cette affaire ressemble de plus en plus à un scandale d’État. Il dépasse de loin l’ampleur du “logogate” qui a provoqué la démission de Sarah Schlitz (Ecolo), l’ancienne secrétaire d’État à l’Égalité des chances.

La question soulevée par cette affaire est très grave. Les dossiers concernant bpost ont-ils été gérés au niveau du cabinet De Sutter dans le strict respect de l’intérêt général ou bien l’entreprise a-t-elle pu avoir accès à des informations politiques privilégiées grâce à la présence des deux experts au sein du cabinet ? Ou, pire encore, bpost a-t-elle pu obtenir des décisions plus conformes à ses intérêts financiers grâce à ses relais au cœur même du cabinet ministériel ?

Les partenaires de Groen au sein du gouvernement De Croo pourront-ils accepter que la majorité fédérale soit à nouveau épinglée pour sa mauvaise gouvernance ? Le scénario qui a emporté Sarah Schlitz pourrait se répéter : une défense maladroite de la ministre, des attaques de l’opposition à chaque révélation dans la presse, les autres partis de la coalition au pouvoir qui se désolidarisent et, enfin, la propre formation de Petra De Sutter, Groen, qui la lâche… Certaines sources au sein de la Vivaldi présentent déjà sa démission comme inévitable.