Belgique

”Si je te croise à nouveau, je te tue”: sept employés de la VUB ont démissionné à cause du comportement d’un professeur

Alors que, en mars 2020, un premier rapport du comportement transgressif du sociologue avait été envoyé au doyen, à l’époque Peter in ‘t Veld, les sept employés constatent en 2021 qu’aucune suite n’a été donnée à leur plainte. De plus, en janvier 2021, deux chercheurs ont quitté l’équipe du sociologue et ont ensuite appuyé le rapport contre le professeur : “Nous avons décidé de signer un courrier avec ces sept ex-employés dans lequel nous réitérions notre soutien à la plainte et souhaitions être entendus à ce sujet”, expliquait l’un d’entre eux dans les colonnes de Het Nieuwsbald. Cette lettre a alors été envoyée à la rectrice de l’époque, Caroline Pauwels, ainsi qu’au doyen actuel, Dirk Devroey.

La lettre a pu être lue par la rédaction de Het Nieuwsbald et reprend les termes suivants : “Nous nous sommes sentis abandonnés, par notre recteur, par notre doyen. En tant que collectif d’employés et d’anciens employés, nous avons trouvé le courage d’unir nos forces. Pour rassembler la souffrance et dénoncer l’injustice qui nous est faite. Nous voulons épargner à nos futurs collègues le même supplice. Nous avons cru que vous nous prendriez au sérieux. Que vous écouteriez au moins ce que nous avons à dire. Un an plus tard, il n’y a toujours pas d’enquête sur les raisons pour lesquelles tant de victimes ont subi l’humiliation, la manipulation, le harcèlement et le comportement transgressif du Prof. Nous espérons qu’en tant qu’université, vous joindrez le geste à la parole et que vous ferez des recherches approfondies sur le nombre de victimes du comportement transgressif du professeur L.”

Ces derniers se penchent alors sur l’affaire, face aux auteurs de la lettre demandant pendant combien de temps la VUB va “abuser de leur patience”. Une “analyse des risques psychosociaux” est demandée, mais celle-ci est ralentie par la pandémie. D’ici l’analyse, la rectrice décide “de ne pas prendre d’autres mesures pour le moment”, déclarant dans son email que la VUB “étudie l’affaire de manière approfondie”.

Ce n’est qu’en mars 2021 que les résultats de l’analyse arrivent et que la VUB déclare “bientôt communiquer sur les avis”, une communication que les employés attendraient encore à l’heure actuelle.

En mars 2023, les auteurs de la lettre ont finalement reçu une invitation à rencontrer le recteur ayant pris la place de Caroline Pauwels, décédée en août 2022. La VUB a confirmé que “le dossier concernant les rapports contre le professeur est actuellement en enquête préliminaire”. La raison de cet avancement, selon certaines sources s’étant confiées à Het Nieuwsbald, pourrait être une nouvelle plainte d’un étudiant contre le sociologue venant s’ajouter à celle des sept ex-employés.

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”Si je te croise à nouveau, je te tue”

Le professeur à l’origine de ces comportements transgressifs, M. L. , aurait “humilié, manipulé et harcelé” ses employés, selon leurs termes. “Si je te croise à nouveau, je te tue”. Ce sont les derniers mots que le professeur a prononcés à l’égard d’un membre du personnel ayant démissionné. Ce dernier a expliqué s’être senti en danger jusque chez lui, le professeur le terrifiant.

Dans le rapport rendu par les sept ex-employés, de nombreux reproches sont faits au professeur. Est mentionnée une charge de travail trop élevée : “Nous devions travailler pendant des mois sans prendre un seul jour de congé. On nous disait qu’on ne pas travaillait assez dur. Les doctorants qui commençaient à travailler étaient constamment cassés, il se moquait d’eux s’ils ne comprenaient pas quelque chose”, déclare un témoin.

De plus, le professeur s’attaquait directement à ses employés : “Il se moquait des traits de caractère personnels. Par exemple, il me reprochait souvent de manquer de confiance en moi parce que j’avais probablement été victime d’intimidation dans le passé. J’ai dû l’entendre à plusieurs reprises”, explique le témoin, donnant d’autres exemples.

Une collègue qui, selon lui, n’était pas suffisamment intégrée dans le groupe a également dû assister à des entretiens hebdomadaires pour une psychanalyse de sa personnalité. On lui posait des questions sur la vie personnelle des collègues, qui est marié à qui, qui a quels enfants. Elle devait être capable d’y répondre pour prouver qu’elle était meilleure dans le groupe. Il frottait aussi les cheveux d’une collègue dans le couloir et lui disait ensuite : ‘Si je te fais un compliment, tu feras plus d’efforts ?’”, raconte-t-il. L’ex-employé explique également que le professeur menaçait souvent ses chercheurs de les renvoyer. “Il faut savoir que de 2015 à aujourd’hui, seuls deux doctorants – et nous parlons bien d’au moins 20 – ont terminé leur doctorat.”