Belgique

« Résolution-métis », le projet qui révèle le passé des descendants issus de la colonisation belge: quelque 268 demandes ont déjà été introduites

En mars 2018, le Parlement fédéral adoptait une résolution relative à la ségrégation ciblée subie par les métis issus de la colonisation belge. Il s’agissait là d’une étape symbolique importante dans la reconnaissance de ce volet de l’histoire coloniale souvent tu jusqu’alors. Les enfants métis, nés d’une mère noire et d’un père blanc, étaient à l’époque coloniale considérés comme un problème, risquant de perturber un système colonial fondé sur la distinction entre les blancs et les noirs. Durant des décennies et jusqu’aux derniers moments de la période coloniale, des milliers de ces enfants ont été enlevés à leur famille, placés sous la tutelle de l’État et envoyés dans des orphelinats et des pensionnats liés à des institutions religieuses. Une partie de ces enfants ont été ensuite envoyés en Europe, dans des familles d’accueil, bien souvent sans connaître leur histoire.

Les enfants métis issus de la colonisation pourront avoir un acte de naissance belge

Combien d’enfants ont été victimes de ce système ? “C’est une question qui met mal à l’aise. Nous n’arriverons sans doute jamais à déterminer le chiffre exact”, a reconnu Delphine Lauwers, historienne en charge du projet au sein des archives national. Certaines estimations évoquent 20 000 enfants.

Depuis le lancement du projet visant à permettre aux métis de connaître leur ascendance, le nombre de demandes de consultation des archives va croissant et dépasse maintenant les 250. “Environ 70 % des dossiers ouverts par nos équipes ont permis d’identifier des informations nouvelles sur le passé des personnes concernées”, explique la chercheuse. Il s’agit parfois d’un élément sur le parcours de la personne (le passage par une école, par exemple), la découverte d’une photo du père ou encore, dans quelques rares cas, l’identification d’un membre de la famille. “Avec les années, nous avons appris pas mal de choses. Il n’y a pas une série d’archives sur les métis mais de nombreuses sources et chaque cas est unique, chaque demande donne lieu à un travail parfois insoupçonnable”, poursuit encore Delphine Lauwers.

Une étude historique globale

Initialement, la première phase du projet – l’accompagnement dans les recherches sur des cas particuliers – devait se terminer en août de cette année. Mais, face au nombre de demandes et au temps nécessaire à de telles démarches, le gouvernement fédéral devrait s’accorder pour le prolonger jusqu’en 2026, a indiqué la ministre des Affaires Étrangères Hadja Lahbib (MR) lors d’une conférence de presse, accompagnée de la ministre à la Coopération au développement Caroline Gennez (Vooruit) et du secrétaire d’État à la Politique scientifique Thomas Dermine (PS).

Une étude sur les responsabilités des autorités publiques, tant du côté de l’État belge que des organisations religieuses, a débuté afin d’identifier le rôle joué par chacune des instances dans le destin des enfants métis. Selon l’agenda actuel, cette étude historique devrait être présentée au Parlement en février 2026.