Belgique

Qui sera le prochain patron de la police fédérale? « Le vide au sein de cette fonction est problématique… »

Si, à l’heure actuelle, aucune offre n’est publiée au Moniteur belge, La Libre apprend que la ministre de l’Intérieur a rencontré, il y a quelques jours et de façon informelle, plusieurs personnes potentiellement éligibles à la fonction. Parmi elles, Wald Thielemans, actuel directeur général ad interim de la police administrative (DGA), Olivier Libois, chef de corps de la police de Namur ou encore Eric Snoeck, à la tête de la police judiciaire fédérale (PJF). Ce dernier serait d’ailleurs le mieux placé pour reprendre le poste de Marc de Mesmaeker.

Contactés, Eric Snoeck et le cabinet de la ministre de l’Intérieur n’ont pas réagi à nos sollicitations.

Mais d’autres sources bien informées confirment que l’actuel chef de la PJF sera sans doute le prochain commissaire général, et ce, dès le 16 juin, soit dès la fin de mandat de Marc de Mesmaeker. “Il veut que cela se fasse le plus vite possible, estimant que le vide au sein de cette fonction est problématique et que la situation, si elle perdure, pourrait être néfaste, avance une source policière. Il semblerait que la ministre de l’Intérieur soit sur la même longueur d’onde. C’est pourquoi, elle s’est entretenue avec plusieurs hauts gradés.

”La ministre leur a demandé de produire une sorte de plan, pour savoir qu’elle serait leur vision stratégique pour l’avenir de la police fédérale. Tout ça, avant le 15 juin. Aucune des personnes rencontrées n’était en mesure de répondre à de telles attentes dans un laps de temps si court. Sauf Eric Snoeck”, avance un interlocuteur.

C’est dans ce contexte que l’actuel chef de la PJF est devenu le possible futur patron de la police. Sauf que s’il est effectivement choisi, d’autres changements devront être opérés au sein de la hiérarchie. En cause : les questions linguistiques en vigueur à la tête de l’institution.

L’équilibre linguistique rétabli

En effet, les quatre fonctions les plus élevées à la police fédérale – commissaire général ; directeur général de la police administrative (DGA) ; directeur général des ressources humaines (DGR) et directeur général de la police judiciaire (DGJ) – sont soumises à un équilibre linguistique : deux fonctions reviennent aux francophones et deux fonctions, aux néerlandophones.

À l’heure actuelle, le commissaire général, Marc de Mesmaeker est néerlandophone. S’il est remplacé par le francophone Eric Snoeck, il faudra nommer, ailleurs, un néerlandophone. Une situation qui pourrait faire les affaires de Wald Thielemans, actuellement à la tête de la DGA, mais ad intérim, justement parce qu’il occupe un poste dévolu, en principe, à un francophone.

Problème : si Eric Snoeck devient bel et bien commissaire général en juin prochain, il sera aussi ad intérim. “En cause : le fait qu’il n’est pas encore assez “ancien” dans sa fonction de chef de la PJF pour briguer le poste de commissaire général. Il sera éligible en janvier 2024”.

Un profil qui ne laisse pas indifférent

Qu’il soit ad interim ou officiellement nommé, le profil du possible futur patron ne laisse pas indifférent.

”C’est un technocrate dont le but premier n’est pas véritablement de faire avancer la police, mais de faire valoir ses intérêts personnels. À côté de cela, il a de très hautes capacités intellectuelles et de hautes capacités techniques. C’est aussi un fin connaisseur du métier de policier. En fait, on pourrait lui faire confiance, mais son côté carriériste fait un peu peur”, avance une source.

Et une autre de se montrer plus positive. “Eric Snoeck est actuellement le seul à pouvoir proposer une vision claire et bétonnée pour le futur des policiers. Je crois qu’il se prépare depuis longtemps. S’il est effectivement choisi, il n’aura pas volé sa place à la tête de la police. Car c’est un homme intelligent.”

Et un autre de conclure : “Le fait qu’il soit le seul à pouvoir occuper ce poste est assez inquiétant. Cela démontre qu’au sein de la police, on manque de gens courageux et prêts à endosser de grandes responsabilités. Ce vide est effrayant.”