Belgique

Propos de Jean-Marc Nollet : la désobéissance civile et Écolo, une radicalité tactique et philosophique

Le coprésident des verts se réfère en parlant de désobéissance civile à Françoise Tulkens. Pour l’ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, il est parfois nécessaire de désobéir lorsque la morale l’exige.

Les militants environnementaux, qui fondent leurs actions sur la désobéissance civile, voulaient attirer l’attention sur leur combat et dénoncer, entre autres, les pratiques du secteur aérien.

Au cœur de l’opération Code Rouge chez Alibaba à Liège: « Je suis terrifié. Mais j’ai encore plus peur de l’inaction face au dérèglement climatique »

Comment analyser cette séquence polémique ? De deux manières. La première relève de la tactique politique. Écolo siège dans tous les gouvernements et devra, en juin 2024, assumer son bilan devant les électeurs. Or, ce bilan est forcément imparfait, ne serait-ce qu’en raison des compromis que toute formation au pouvoir doit consentir vis-à-vis de ses partenaires. En soutenant des radicaux qui se placent volontairement dans l’illégalité, Jean-Marc Nollet redonne un peu de fraîcheur militante à son parti et tente de rassurer les mécontents qui estiment qu’Écolo n’en fait pas assez.

Gandhi et Martin Luther King

Au-delà de la simple tactique, le soutien de Jean-Marc Nollet aux coups de force de Code rouge a également des ressorts plus profonds qui touchent à l’ADN même d’Écolo. Tiré des écrits du philosophe américain Henry Thoreau (1817-1862), le concept de désobéissance civile a inspiré des personnalités majeures comme Gandhi ou Martin Luther King. Selon ce principe, il faut tolérer ou encourager des actions illégales pour peu qu’elles soient non-violentes et servent une cause supérieure. L’objectif est de forcer un changement législatif ou une modification du cap politique.

Comment se prépare une action de désobéissance civile ? Dans les coulisses de Code Rouge

Ce principe a inspiré notamment certaines figures de l’écologie contemporaine et de l’altermondialisme. José Bové, par exemple, qui appelait à arracher les cultures à base d’OGM. Dans la galaxie Écolo, la désobéissance civile est un mode d’action reconnu de longue date. Notamment par l’association Greenpeace qui, dans son histoire, a multiplié les actions contre le transport de matériaux nucléaires. Du point de vue de Jean-Marc Nollet, la désobéissance civile peut donc être justifiée et est directement liée à l’exercice de la démocratie : on a le droit, face à une situation jugée inique ou face à un pouvoir passif, de contourner les règles. Voire de les violer.

Cette vision n’est manifestement pas partagée par les adversaires des verts francophones. Maxime Prévot, le président des Engagés a fusillé la sortie du coprésident d’Écolo.” Un président de parti qui encourage les jeunes à la désobéissance civile ? Et après on s’étonnera que le respect parte en sucette”, s’est-il indigné sur X (ex-Twitter). C’est immature comme propos et irresponsable comme vision ! Et si on œuvrait à l’urgence climatique autrement ? Avec des ministres écolos qui présenteraient un bilan, par exemple.