Belgique

Plus de 100 000 pilules du lendemain remboursées en 2021: « On voit que cela correspond à un besoin »

Quelque 100 321 pilules du lendemain ont été remboursées en 2021 (derniers chiffres disponibles), contre 26 903 en 2020, et moins d’un millier les années précédentes. Si la hausse est spectaculaire, “ces données ne permettent pas de savoir si l’usage de cette contraception a augmenté […] puisque les délivrances sans intervention sont ici invisibles”, souligne le ministre.

En effet, ” ces chiffres ne disent rien des personnes qui n’ont pas de couverture Inami (donc pas droit au remboursement, NdlR) ni de la distribution dans les centres de planning familial où l’on peut recevoir gratuitement la contraception d’urgence, analyse Claudine Cueppens, chargée de mission à la Fédération laïque de centres de planning familial (FLCPF). Pour avoir un aperçu de la consommation globale sur une année, il faudrait avoir les chiffres de l’industrie.”

Une explosion difficile à comprendre

Il n’en reste pas moins que les chiffres communiqués par le ministre “interpellent”. “L’augmentation entre 2020 et 2021, je ne l’explique pas”, dit l’experte. Si l’on s’attarde sur la catégorie d’âge des moins de 25 ans, on constate que le nombre de pilules du lendemain ayant fait l’objet d’un remboursement augmente également de manière considérable – dans des proportions comparables à la hausse générale – alors que ces jeunes femmes bénéficiaient déjà de la gratuité avant 2020.

Claudine Cueppens formule des hypothèses pour comprendre le phénomène.

D’abord, et “c’est positif”, “la mesure (sur la gratuité) et la contraception d’urgence sont sans doute mieux connues. Nous-mêmes, on a beaucoup communiqué dessus. C’est un beau progrès d’avoir dépassé l’âge de 25 ans pour pouvoir bénéficier du remboursement préférentiel. L’accès à la contraception d’urgence est devenu plus facile.”

Un quart des pilules du lendemain ont été consommées en 2021 par des femmes âgées entre 31 et 40 ans.

Ensuite, “il y a peut-être l’effet de la période Covid”. “2020 et 2021 ont été deux années particulières avec moins d’accessibilité aux consultations médicales et donc à la prescription pour les moyens de contraception. Faute de prescription, on a peut-être eu davantage recours à la pilule d’urgence.”

Pas que les plus jeunes

Un autre élément ressort des chiffres du ministre Vandenbroucke. Plus d’un quart (26 %) des pilules du lendemain ayant fait l’objet d’un remboursement en 2021 ont été consommées par des femmes âgées entre 31 et 40 ans (contre 20 % pour les 25-30 ans et 44 % pour les moins de 25 ans). Cela prouve, selon Claudine Cueppens, que la mesure portant sur la gratuité de la contraception d’urgence “correspond à un besoin” pour cette catégorie de femmes.

”Il est intéressant de voir qu’elles sont très concernées et que c’est donc une mesure bénéfique pour elles. D’ailleurs, explique Mme Cueppens, ces tranches d’âge correspondent aussi à celles qui sont les plus concernées par les demandes d’interruption volontaire de grossesse (surtout les 25-35 ans, NdlR), comme le montrent les rapports de la commission nationale d’évaluation. Ce ne sont pas les plus jeunes qui y ont le plus recours, comme on le croit parfois à tort.”