Belgique

Plus de 1 600 pensionnés aident à enrayer la pénurie de soignants. “C’est un emplâtre sur une jambe de bois”

Selon les chiffres de la Sécurité sociale, communiqués lundi à La Libre par le cabinet du ministre Vandenbroucke, quelque 1 665 pensionnés âgés de 65 ans et plus travaillaient dans les soins au quatrième trimestre 2022 (chiffres les plus récents) dans le cadre de cette mesure spécifique.

”Le soutien apporté par ce groupe de pensionnés est le bienvenu dans un secteur qui fait face à des défis structurels et qui subit encore les conséquences de la pandémie de Covid”, explique Frank Vandenbroucke.

”Plusieurs pensionnés – avec des qualifications de soins – souhaitent continuer à soutenir leurs anciens collègues pour des raisons de pénurie de personnel, mais aussi pour des raisons toujours liées au Covid et à ses conséquences différées, justifie le socialiste flamand. L’intention ne peut pas être de les pénaliser pour cet engagement”

Plus de 10 millions d’euros en salaires

Concrètement, la mesure prévoit que le pensionné de 65 ans et plus, qui a une carrière complète, n’est pas imposé de manière défavorable sur le revenu supplémentaire provenant d’un travail fourni dans le secteur des soins (ses services sont taxés séparément à un taux de 33 % et exonérés des cotisations personnelles de sécurité sociale).

Les 1 665 personnes concernées au quatrième trimestre de l’an dernier avaient perçu un montant de 10,62 millions d’euros en salaires. Ce qui a permis de générer 3,35 millions d’euros en cotisations patronales nettes. “L’impact budgétaire est donc légèrement positif” pour les caisses de l’État, se réjouit le cabinet du ministre.

La mesure concernant les bénévoles prévoyait, pour sa part, d’augmenter l’indemnité forfaitaire annuelle maximale des volontaires actifs dans le secteur des soins. Mais “il est à constater que le Conseil supérieur des volontaires n’était pas favorable à une éventuelle prolongation” de la mesure, a fait savoir le cabinet.

Le secteur est mitigé

Quant aux étudiants, il était prévu que le nombre d’heures de travail prestées dans un établissement de soins n’entre pas en compte dans leur quota annuel d’heures de travail autorisées. Mais ce quota a été augmenté par le gouvernement pour tous les étudiants (passant de 475 heures à 600 heures par an), de sorte que le ministre a considéré que la mesure devenait obsolète.

guillement

Le recours à des pensionnés [est] un emplâtre sur une jambe de bois qui ne règle en rien le problème de pénurie.

”La pénurie de profils de soignants est criante, entre autres dans les hôpitaux et les maisons de repos affiliées à notre fédération”, a réagi l’Unessa (l’Union en soins de santé, active en Wallonie et à Bruxelles), contactée lundi par La Libre. Le recours à des pensionnés et/ou des étudiants et bénévoles pour compléter les effectifs est une solution de dépannage. Pour appréciable qu’elle soit en situation de crise, elle ne peut, en aucun cas, devenir une politique à long terme. Il s’agit d’un emplâtre sur une jambe de bois qui ne règle en rien le problème fondamental de pénurie de profils soignants.”

L’Unessa réclame des mesures structurelles, telles que la revalorisation des fonctions de soins et des efforts visant à améliorer l’attractivité de ces professions et des cursus qui y mènent.