Belgique

Nicole de Moor, secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration après les élections ? « Je ne pourrais pas dire non »

Dernier épisode en date : le Conseil d’État a suspendu la décision de ne plus accueillir les demandeurs d’asiles hommes isolés qui arrivent en Belgique car il juge cette décision contraire à la loi sur l’accueil. La secrétaire d’État reste cependant inflexible : impossible, selon elle, de respecter les décisions de justice dans le contexte actuel. Ce qui ne lui vaut pas que des félicitations. “Si Nicole de Moor s’estime incapable de mettre en œuvre des solutions ou qu’elle ne le souhaite pas, elle doit passer la main”, lançait le co-président d’Écolo, Jean-Marc Nollet vendredi matin sur la Première (RTBF).

La première partie de l’interview de Nicole de Moor : ”La Belgique est un État de droit, mais il y a des problèmes qu’on ne peut pas résoudre »

Après votre décision, des exilés se sont demandé s’il est toujours possible de demander l’asile en Belgique. N’est-ce pas là un des objectifs ? Dissuader les candidats à l’asile à venir en Belgique ?

La seule raison qui a motivé ma décision, c’est d’éviter que des familles avec enfants se retrouvent à la rue. Point.

En janvier, la Belgique prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne. Vous redoutez qu’il y ait encore des campements de demandeurs d’asile dans les rues de Bruxelles ? L’image serait désastreuse…

Le signal est déjà là depuis quelques années. Cela montre que la Belgique connaît une pression disproportionnée, comme d’autres pays européens, à l’instar de l’Italie. Même Giorgia Meloni (la présidente du conseil des ministres italiens, qui promettait de fermer les frontières italiennes aux migrants – NdlR) ne peut pas réaliser ses promesses électorales ! On ne peut pas assurer, seul, un meilleur contrôle de la migration.

Vous appelez à la solidarité européenne mais dans un même temps, vous refusez de venir en aide à l’Italie qui a vu des milliers de migrants arriver sur l’île de Lampedusa.

Effectivement, je n’ai pas pu répondre positivement à la demande d’Ursula von der Leyen (la présidente de la Commission européenne, NdlR) de reprendre des migrants de Lampedusa tout simplement parce que je ne peux pas les accepter et les laisser à la rue en Belgique, ou les accueillir en priorité par rapport à des familles ! Mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas favorable à une meilleure répartition intra-européenne. La Belgique va d’ailleurs cette année respecter ses objectifs de relocalisation.

Le poste de secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration est difficile. Si, en 2024, on vous proposait de rempiler, vous en seriez ?

Oui, je continuerais. C’est une compétence difficile et très émotionnelle, mais il y a tellement de travail et de réformes à mener ! La crise actuelle me convainc d’autant plus qu’il faut travailler sur des réformes et que cela prendrait des années. Je ne pourrais donc pas dire non.