Belgique

Marche contre l’antisémitisme : des milliers de personnes attendues ce dimanche

« Depuis l’année 2000, la situation a progressivement dégénéré pour les Juifs de Belgique au rythme d’un conflit lointain de 4.000 kilomètres. Cette situation s’est traduite par la multiplication d’actes antisémites dont le plus tragique à ce jour est l’attentat contre le Musée juif, la transformation des sites juifs en véritables forteresses, la profanation de tombes juives, la désertion de l’école publique par nombre d’étudiants juifs, et le départ continu de familles juives du Royaume. Sur ces vingt dernières années, une proportion inquiétante des Juifs de Belgique est déjà partie. Les récents événements en accélèreront la cadence », dit l’appel au rassemblement signé par de nombreuses personnalités.

« Dimanche, je m’adresserai à l’ensemble de la population belge. C’est une marche belgo-belge où l’on traitera d’un problème sociétal majeur, l’antisémitisme », a souligné M. Rubinfeld.

Faut-il participer à la marche contre l’antisémitisme du 10 décembre ?

Cette marche se déroulera toutefois sur un fond de polémique. En lançant son appel, M. Rubinfeld n’a pas ménagé ses critiques envers le PS, Ecolo et le PTB, allant jusqu’à accuser certaines de leurs personnalités d’emprunter les « marqueurs contemporains de l’antisémitisme » voire d’être les « principaux vecteurs de l’antisémitisme contemporain ». Il a visé notamment les hésitations de certains à qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Les diatribes de l’ex-président du CCOJB, ex-vice-président du Parti Populaire, envers les partis de gauche ne datent pas d’hier mais l’actualité leur a rendu de la vigueur. « Cela fait 15 ans que j’essaie de provoquer un sursaut des partis de gauche. J’ai un espoir car je connais l’ADN qui était le leur à l’époque. Ils ont cédé à une forme de calcul politique. Je voudrais qu’ils redeviennent une partie de la solution et non plus du problème », a-t-il expliqué jeudi.

Le ton passe mal, y compris dans la communauté juive. Le président du Consistoire central israélite, organe officiel de représentation du judaïsme, Philippe Markiewicz, ne marchera pas dimanche. « J’étais présent le 3 décembre à Anvers à l’appel du FJO et d’autres organisations. La lutte contre l’antisémitisme et toute forme de racisme doit être une priorité absolue en démocratie, mais pas sous la houlette de M. Rubinfeld, dont les déclarations sont plus que discutables. Je soutiens tous les partis démocratiques. Sa façon de réagir et de répondre, ce n’est pas acceptable », a-t-il déclaré. L’homme conteste aussi le constat d’un « exode » de la communauté juive et juge que si l’antisémitisme s’aggrave en Belgique, la situation n’est pas comparable à la France.

Le malaise est également perceptible à l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB). Cette organisation de gauche n’a pas été consultée par les trois autres. Or, elle se dit « en sympathie avec les trois partis » visés par M. Rubinfeld, selon l’un de ses membres, Henri Goldman. Ses membres participeront à la marche de dimanche avec l’objectif de former « un bloc antiraciste » au sein de la manifestation et porteront une banderole « contre l’antisémitisme et contre tous les racismes ». « Nous marcherons contre la haine des Juif·ves et contre la haine des Arabes, des Noir·es, des Musulman·es, des personnes migrantes », dit un communiqué qui fustige aussi une « instrumentalisation » de la lutte contre l’antisémitisme « à des fins racistes et islamophobes ».

Une marche contre l’antisémitisme le 10 décembre à Bruxelles : comment se positionnent les partis politiques ?

Des militants et élus PS et Ecolo seront présents dimanche, malgré les propos qui les ont visés. En revanche, le PTB n’ira pas. « Comment voulez-vous que je manifeste avec quelqu’un qui dit que je suis la cause de l’antisémitisme en Belgique ? » a souligné le président Raoul Hedebouw.

La question de la présence de l’extrême-droite se pose également. En France, elle a soulevé les passions le mois dernier et divisé la classe politique. Les organisateurs de la marche de Bruxelles ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas de signe d’appartenance politique quelconque et n’accepteront pas le soutien « de ceux qui essentialisent les musulmans ou quelque groupe humain qui soit ». « Les Juifs ont suffisamment souffert de l’essentialisation que pour y céder à leur tour », a assuré M. Rubinfeld sur X.