Belgique

Malika El Aroud, la “veuve noire du djihad”, est décédée

Malika El Aroud a un parcours quasi unique dans les annales du terrorisme.

Cette femme est partie en 2001 en Afghanistan avec son mari, Abdessatar Dahmane, qui, le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats de New York, a commis un attentat suicide fatal contre le commandant Massoud, ennemi juré des talibans.

L’imam qui l’a mariée n’est pas un inconnu. Il s’agit du Franco-Syrien, Bassam Ayachi, animateur du Centre islamique belge, où a été radicalisée une frange non négligeable des Belges qui ont été condamnés pour terrorisme dans les années 2000.

Lorsque les États-Unis ont attaqué l’Afghanistan après les attentats du 11 septembre, Malika El Aroud a fui au Pakistan, d’où, assistée par la diplomatie belge, elle a pu rentrer en Belgique.

Poursuivie avec les coauteurs de l’attentat contre Massoud, elle a été acquittée. Elle était restée défiante lors du procès, estimant que l’attentat de son mari était légitime.

Déchue de sa nationalité belge, Malika El Aroud, la « veuve noire », a demandé l’asile politique en Belgique

La “veuve noire”

Jouissant du prestige de veuve d’un martyr, elle a été reprise en charge par les radicaux.

Elle s’est remariée avec un Tunisien, Moez Garsallaoui. A deux, ils sont partis en Suisse où ils ont été condamnés à six mois de prison pour avoir lancé un site glorifiant le djihad.

De retour en Belgique, le couple a organisé une filière d’envoi de combattants en Afghanistan qui sera empruntée par sept personnes pour rejoindre des camps au Waziristan (Pakistan) où ils seront formés. Parmi ceux-ci, un Français toujours mineur qu’elle incitera, dans des échanges, à partir sur zone. Ce jeune mourra dans des combats sur place. Malika El Aroud est arrêtée fin 2008.

Toujours défiante

Elle était alors une pionnière de ce que l’on n’appelait pas encore la “djihadosphère”. Ces faits lui ont valu sa condamnation en 2010 à huit ans de prison prononcés par la cour d’appel de Bruxelles. Lors du procès en première instance à Bruxelles, elle était restée défiante : elle s’était “excusée auprès des porcs de les avoir comparés à des soldats américains”.

Moez Garsallaoui n’était pas avec elle sur le banc des prévenus. Il était en zone pakistano-afghane où il sera tué dans une frappe ciblée américaine en octobre 2012.

En décembre 2016, Malika El Aroud a été libérée à fond de peine. Ses ennuis judiciaires n’étaient pas terminés. Une procédure en déchéance de nationalité était en effet ouverte contre elle. Lorsque, toujours détenue, elle a comparu devant la cour d’appel qui traitait sa procédure de déchéance de nationalité belge, il apparaissait que cette perspective de perdre la nationalité belge lui faisait peur. “Dire que je déteste l’Occident, c’est une chose horrible. Cela me fait mal. Je me suis battue pour revenir ici”, avait-elle dit. Sans véritablement convaincre.

La procédure en déchéance de nationalité s’est terminée en novembre 2017. Pour “avoir gravement manqué à ses devoirs de citoyenne belge”, elle a été déchue de la nationalité belge qu’elle avait acquise. Elle n’avait dès lors plus que la nationalité du pays où elle était née – le Maroc – et qu’elle a quitté en 1964 lorsque sa famille a émigré en Belgique.

En octobre 2018, elle avait été arrêtée à son domicile, en vue de son expulsion vers le Maroc. Craignant d’être persécutée au Maroc, elle avait introduit une demande d’asile mais avait été déboutée. Elle avait été retenue dans différents centres de rétention pour personnes en séjour illégal, à Bruges et à Zaventem notamment.

Selon Luk Vervaet, elle est décédée chez sa fille, qui l’avait déjà accueillie après sa libération de prison en 2016.