France

Montpellier : Pourquoi les sangliers prolifèrent-ils ?

Le 17 février, la préfecture de l’Hérault fermait l’autoroute A750 pendant deux bonnes heures près de Montpellier. En raison, la présence d’une horde de sangliers sur les voies. Si c’est la première fois que ces animaux provoquent une telle pagaille, en croiser n’étonne plus personne dans la métropole. Depuis plusieurs mois, les vidéos de sangliers s’octroyant une petite balade en ville pullulent sur les réseaux sociaux.

« Ça prolifère, ça c’est sûr ! », confie un habitant du quartier de la Martelle, à Montpellier, dont le jardin a été plusieurs fois visité par des sangliers ces dernières années. « Depuis, j’ai renforcé mes clôtures, reprend-il. Mais tous mes voisins en aperçoivent. Et on voit des traces un peu partout. J’habite tout près du futur Agriparc des Bouisses, qui, lui, est vraiment envahi de sangliers. On les voit la nuit quand on circule. » La saison dernière, pas moins de 800 sangliers ont été prélevés par les chasseurs dans la métropole. Au zoo de Lunaret, dernièrement, ce sont plusieurs dizaines qui ont été capturés.

« Ils sont chassés partout, sauf à Montpellier ! »

Des sangliers à Montpellier, ce n’est pas nouveau. Mais, pour Laurent Jaoul (sans étiquette), le maire de Saint-Brès, un village de la métropole, cela ne fait aucun doute : cette prolifération récente, susceptible notamment de causer des accidents de la route, est la conséquence de la résiliation des conventions qui permettaient à des associations de chasser sur des terrains communaux, dans la ville centre. C’était lors de l’hiver 2021.

« Quand Coralie Mantion [la vice-présidente EELV de la métropole de Montpellier chargée de ce dossier] a pris cette décision, j’ai été le premier à la dénoncer, gronde Laurent Jaoul. Et ce qui devait arriver, arriva. On a aujourd’hui une surpopulation très importante de sangliers dans la métropole, en particulier à Montpellier. Ils sont chassés partout, sauf ici. Moi, je ferai comme eux si j’étais à leur place ! J’irai me réfugier à Montpellier. » Il n’y a qu’une seule solution pour endiguer ce phénomène, « il faut que la métropole abroge cet arrêté, qui n’a pas lieu d’être ! », confie l’élu.

« Ce n’est pas unifactoriel, c’est multifactoriel »

Les services de la ville, sollicités par 20 Minutes, réfutent cette analyse. La mairie indique que le sanglier n’était pas chassé sur les secteurs où les coups de feu sont désormais interdits. La profusion de cochons sauvages à Montpellier, « ce n’est pas unifactoriel, c’est multifactoriel », confie, de son côté, Vincent Tarbouriech, le chef de service de l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Hérault. « Ce n’est pas une décision politique [seule] qui fait que la présence de sangliers a explosé. » D’autant plus, note-t-il, qu’« il n’y a pas de sociétés de chasse structurée à Montpellier ».

Mais alors, pourquoi les sangliers sont-ils si nombreux dans le coin ? « Avec le recul du pastoralisme, les modifications du biotope, etc., la broussaille arrive au bord des villes, explique Max Alliès, président de la Fédération des chasseurs de l’Hérault. Et les sangliers, ça leur convient parfaitement. Ce qu’il leur faut, c’est de quoi manger, boire et se cacher. » Le réchauffement climatique y est aussi pour quelque chose. « Jadis, quand la femelle avait cinq petits, avec le froid et le manque de nourriture, il y en avait souvent trois ou quatre qui mourraient, explique le chasseur. Aujourd’hui, ils survivent quasiment tous. En plus, la reproduction s’est accentuée. »

Un fléau inhérent à « toutes les grandes villes »

Et surtout, si cette espèce, dont la capacité d’adaptation est exceptionnelle, pullule en ville, c’est « car nous, les chasseurs, nous n’y allons pas, bien sûr », poursuit Max Alliès. « Ils n’ont la pression qu’on leur met ailleurs. » Cette problématique, note le patron des chasseurs, existe d’ailleurs « dans toutes les grandes villes d’Europe ».

Selon Max Alliès, prochainement les chasseurs organiseront une opération pour repousser les sangliers citadins vers des zones non habitées, où ils pourront être capturés. Par ailleurs, les chasseurs de l’Hérault et le CNRS entament une étude pour comprendre, en les suivant grâce à des puces GPS, où les sangliers aiment se réfugier autour de Montpellier. « Ça nous permettra, par exemple, de dire à la mairie « Attention, cette friche, c’est un hôtel 4 étoiles pour les sangliers ! », confie Max Alliès.