Belgique

Maire de Téhéran à Bruxelles : alors que certains exigent sa démission, le sort de Pascal Smet ne tient qu’à un fil

Après le maire de Téhéran, une politique russe a aussi été invitée à Bruxelles par Pascal Smet : « On envisage de demander sa démission »

”J’assume l’invitation du maire de Téhéran”, a lancé le secrétaire d’État bruxellois chargé des Relations européennes et internationales, qui “dément formellement l’idée qu’on lui aurait déroulé le tapis rouge”.

Les Engagés demandent la démission de Pascal Smet

”C’est une lourde faute politique. La crédibilité et l’honneur de la Région sont abîmés”, a asséné Céline Fremault, cheffe de groupe Les Engagés qui estime que “cela ne peut pas rester sans suite”. Les Engagés demandent la démission de Pascal Smet.

Au sein de la majorité, le ton n’était guère plus conciliant.

Marie Lecoq (Écolo) a quant à elle qualifié l’action de Pascal Smet de “faute politique majeure” et regretté que les explications du socialiste ne comportent “pas l’ombre d’une excuse”.

Une réunion extraordinaire de la commission des Affaires générales a été convoquée mercredi à 13 heures pour analyser les documents fournis par le secrétaire d’État bruxellois. La Commission examinera les documents remis en séance par Pascal Smet et en débattra à la lumière des éléments qui auront été apportés mardi à la Chambre par la ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR).

Smet joue la transparence

Car le socialiste, à qui l’ensemble des partis a demandé des comptes ce vendredi en séance plénière, a d’emblée joué carte sur table. Il a remis au Parlement tous les documents relatifs aux échanges qu’il a sur ces invitations et la délivrance de visas aux représentants iraniens.

Il a ensuite longuement détaillé les échanges qu’il a eus avec les Affaires étrangères.

Pascal Smet dit les avoir consultés dans un premier temps afin de relayer la demande d’invitation lancée au maire de Téhéran. Un avis négatif lui est parvenu le 20 mars. Le SPF lui a fait savoir qu’inviter ces ressortissants iraniens n’est pas opportun.

Pascal Smet a transmis cet avis à Metropolis. Rapidement, l’ONG qui organise l’une des conférences du sommet bruxellois a fait part de son mécontentement. Téhéran occupe la vice-présidence de Metropolis et la présence de ces représentants est jugée importante.

Sous pression, Pascal Smet est revenu à la charge auprès d’Hadja Lahbib, le 10 mai. Le cabinet de la ministre belge des Affaires étrangères aurait alors accepté de ne pas faire barrage à l’octroi des visas, a assuré le secrétaire d’État devant le Parlement bruxellois. Pascal Smet assure “qu’aucune pression n’a été exercée sur les affaires étrangères”.

Plusieurs échanges auront encore eu lieu entre les deux ministères. Le 16 mai, le cabinet Smet a envoyé unelettre standardisée” vers toutes les ambassades, dont celle de Téhéran.

Les explications de Pascal Smet n’ont pas eu pour effet d’apaiser les parlementaires bruxellois. Aucun n’a soutenu le socialiste néerlandophone bruxellois, qui a fait face à un tir groupé de la majorité comme de l’opposition.

”Une faute politique majeure de Smet… et de Lahbib”

Défi et le PS, rappellent toutefois que la responsabilité, dans cette affaire, est partagée par Hadja Lahbib, ministre fédérale des Affaires étrangères. L’opposition entre le MR et le PS constitue l’un des aspects centraux de dossier qui prend une tournure plus politicienne.

”L’image de Bruxelles a été ternie par cette saga dont on aurait bien pu se passer, s’est désolé Ridouane Chahid, chef de groupe PS au Parlement bruxellois. Pour nous, la véritable question à laquelle nous n’avons toujours pas de réponse, c’est comment la ministre des Affaires Étrangères et la secrétaire d’État à la Migration Nicole de Moor ont pu délivrer ces visas. Dans la mesure où la décision finale leur incombe.

David Leisterh, chef de groupe MR, renverse la perspective en insistant sur le fait que Pascal Smet “a insisté contre l’avis des Affaires étrangères”.

La démission de Pascal Smet est-elle réellement sur la table ? Les socialistes ne l’envisagent pas pour l’instant. Pas plus que Défi. Écolo, en revanche, n’admet pas le comportement de Pascal Smet dans ce dossier.

La colère d’Écolo

Les verts, en particulier, n’admettent pas d’avoir été tenus à l’écart et de ne pas avoir été informés de la liste des participants au sommet.

”Le Gouvernement bruxellois ne l’a jamais demandé, ni aucun membre de ce dernier”, nous assure le porte-parole de Pascal Smet.

Ce n’est pas exact selon Écolo qui assure “avoir demandé la dite liste à plusieurs reprises”. Un mail, daté du 6 juin et envoyé par le cabinet de la secrétaire d’État Barbara Trachte au cabinet Smet, en atteste.

La journée de mercredi sera décisive.