Belgique

”Les élèves sont revenus encore plus largués que d’habitude”, regrette ce prof : Les Engagés proposent d’ajuster le nouveau calendrier scolaire

Les Engagés comptent profiter de l’occasion pour avancer des amendements qui, eux, portent directement sur les dates de congé. “Nous avons reçu de nombreux témoignages négatifs après les premières vacances de carnaval de deux semaines, explique la députée Mathilde Vandorpe. Nous proposons dès lors d’instaurer au moins une semaine de congé commune systématique avec la Flandre et la Communauté germanophone, à chaque période de vacances, jusqu’à ce que tous les calendriers soient ajustés.”

Quand les profs ne sont pas là, les élèves trinquent : en janvier, il manquait 700 enseignants de secondaire pour remplacer les absents

”Finies, les vacances ensemble”

La députée relaie trois principales difficultés. D’abord, les familles dont les membres n’évoluent pas tous dans la même communauté perdent du temps partagé. Cathy, enseignante depuis 22 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles, témoigne : “J’ai fait le choix de scolariser mes enfants en Flandre. Jusqu’ici j’avais le précieux avantage de ne jamais me soucier de les faire garder durant les vacances scolaires. Le rêve, me direz-vous ? Il vire au cauchemar. Finies les vacances ensemble en dehors de celles d’été bien entendu..”

Ensuite, l’offre de stages ne couvre pas toute la période (en particulier si on vise un stage dans l’autre communauté que celle où l’élève est scolarisé). “Comment pouvons-nous gérer des échanges linguistiques ou inscrire nos enfants en stage dans une seconde langue si les congés scolaires ne sont pas alignés, demande Amélie, maman de 3 enfants scolarisés en Flandre et professeure de sciences en FWB. Les organisateurs de stage à Bruxelles ne proposent aucun stage durant les congés scolaires flamands et réciproquement.”

”Ils ne font rien d’autre que regarder la télé”

Enfin, pour tout un public moins favorisé, l’interruption de deux semaines semble parfois une mauvaise chose. “Avec mes collègues du primaire et maternelle, nous ne sommes pas encore convaincues que ce soit positif pour tous les enfants, estime Sophie, institutrice maternelle. Pour les enfants en difficulté et qui ne sont pas suivis à la maison, le retour n’est pas évident… Ils nous sont revenus encore plus largués vu que nous ne pouvons plus donner de dossier de vacances et que souvent, ils ne font rien d’autre que regarder la télévision….”

Même écho du côté de Raphaël, professeur en 4, 5 et 6e secondaires dans une école à indice socio-économique faible. “Une tendance générale est qu’ils se sont ennuyés, rapporte-t-il. Ils sont principalement restés chez eux, car ils n’ont pas les moyens de partir en vacances ni de faire des activités coûteuses. N’ayant pas les moyens de partir plusieurs fois par an, ils préféraient avoir les grandes vacances plus longues car c’était l’occasion pour eux de partir dans leurs familles, que ce soit en Turquie, Maroc, Afrique, Pologne, Bulgarie, … Deuxièmement, le retour à l’école est plus compliqué. Le retour après 2 semaines de pause nécessite plus de révisions, de remise dans le rythme. Ce nouveau calendrier nous met face à 4 périodes pendant lesquelles nous, enseignants, devons remettre nos élèves au travail. Je n’ai d’ailleurs jamais été autant en retard sur mon programme que cette année.”

Pénurie d’enseignants : l’offre d’emplois humoristique de ce directeur d’école commence à payer

Et d’ajouter, concernant l’organisation du travail, une autre remarque valable pour tout le monde : “Les enseignants ne pouvant plus faire d’évaluation certificative la semaine du retour, les évaluations sont condensées sur un plus court laps de temps. On l’avait vu après la Toussaint. Les élèves avaient été surchargés de travail pendant la deuxième semaine. À un tel point que certaines de mes classes m’ont supplié, cette fois-ci, de planifier des évaluations la semaine de la rentrée pour ne plus vivre la même situation.”

”Aucun congé sauf Noël ne sera aligné en 2026-2027”

Si l’organisation a déjà été compliquée pendant le dernier congé, alors qu’une semaine était commune avec les autres communautés, “ce sera le branle-bas de combat à Pâques”. Les deux semaines francophones de repos tombent en effet début mai, contrairement aux autres qui restent en avril.

“D’ailleurs, ni carnaval ni Pâques ne seront alignés en 2023-2024 et 2025-2026, ajoute-t-elle. Pire : ce sera le cas de tous les congés sauf Noël en 2026-2027.” D’où l’importance d’introduire dès maintenant une correction. Ce qui donnerait, pour les 4 prochaines années, des périodes de 2 semaines de congé entrecoupées de 5 à 8 semaines de cours, plus une période de 10 ou 11 semaines entre Pâques et les vacances d’été.