Belgique

Le PS liégeois protège son équilibre interne et récompense les bons soldats

La première raison, ce sont les échéances électorales internes au PS qui procède au renouvellement de ses instances dans les différentes fédérations. La vie politique, que cela nous plaise ou non, est faite d’équilibres. Il est donc nécessaire de soigner les susceptibilités de chacun.

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Pour Francis Bekaert, il s’agit d’un lot de consolation. Ce pharmacien de formation, élu bourgmestre de Seraing en 2018, a accepté de laisser sa place de maïeur dans les jours qui viennent à une jeune pousse du parti. En l’occurrence, à Déborah Géradon qui siège également au sein des instances dirigeantes de la fédération liégeoise. Toute cette affaire de succession vise surtout – et c’est une vieille habitude en politique – à préparer le terrain pour les futures élections communales. Le PS a choisi Géradon pour dessiner l’avenir de Seraing où Alain Mathot régnait en maître jusqu’en 2018 avant d’être emportée par l’affaire de l’incinérateur d’Intradel. Il s’agit donc de lui donner la visibilité qui devrait permettre sa réélection à la tête de la commune.

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Bekaert sacrifié sur l’autel de l’avenir du PS à Seraing

Rappelons que Francis Bekaert avait fait l’objet, à l’époque, d’un consensus entre les différentes sections du PS sérésien qui se déchiraient autour de la succession d’Alain Mathot. Ce dernier, empêtré dans les affaires, se mettait en retrait de la vie politique laissant alors libre la tête de listes pour les communales de 2018. Le camp Mathot a proposé Laura Crapanzano (actuelle échevine sérésienne) comme successeur de l’ancien homme fort de Seraing. L’autre camp a soutenu Déborah Géradon. Pour calmer tout le monde, Francis Bekaert était alors sorti du chapeau. Son avantage principal résidant surtout dans le fait que sa carrière politique était déjà derrière lui. Sa désignation comme tête de liste et son élection comme bourgmestre permettaient d’attendre sereinement de voir si Alain Mathot pourrait revenir ou pas dans le jeu politique local. Mathot ayant été sur la touche par la justice, la voie s’est dégagée pour Déborah Géradon (2e score socialiste aux communales). Il fallait donc récompenser Bekaert pour son sacrifice et lui permettre, aussi de conserver un traitement à la hauteur de celui qu’il touchait comme bourgmestre. À l’avenir, il siégera chez Luminus (30 000 euros par an) et travaillera à mi-temps chez la ministre (liégeoise) et wallonne, Christie Morreale et à mi-temps chez Frédéric Daerden qui, outre ses fonctions de président de la Fédération est aussi ministre en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le cas Marcourt est différent. Celui qui, lorsqu’il était ministre wallon de l’Économie, était l’un des membres du club des cinq (Marcourt, Moreau, Gilles, Demeyer et Mathot) régnant sans partage sur le PS liégeois a vu son étoile pâlir ces dernières années. À cause de l’affaire Publifin, d’abord, dans laquelle il a eu un rôle ambigu. Était-il l’une des “mains invisibles” dénoncées par l’ancienne direction de Nethys qui aurait couvert les agissements de Moreau et consorts ? Une enquête en cours devra le déterminer. Toujours est-il que son mandat de ministre wallon n’a pas été reconduit à l’issue du scrutin régional de 2019. Il héritera alors de la présidence du Parlement wallon. Un poste qu’il a dû quitter, il y a quelques mois, à cause de l’affaire du greffier et qui constitue l’autre versant de sa déchéance politique.

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Il faut cependant croire que ces taches sur son CV ne réduisent pas à néant ce qui lui reste comme pouvoir d’influence au sein de la Fédération liégeoise du PS. Si nous étions hardis nous n’hésiterions d’ailleurs pas à affirmer que les mandats à la Socofe et chez Fluxys qui lui sont désormais promis, constituent le prix payé par le PS suite à sa démission du perchoir wallon.