Belgique

Il empoisonne la Flandre mais passe sans encombre en Wallonie : pourquoi le plan azote ne pose pas les mêmes problèmes partout ?

Si la vie du gouvernement flamand est empoisonnée par le dossier relatif à l’azote, en Wallonie, il n’en est rien. Pourquoi ? “Parce que 94 % des porcs qui sont élevés en Belgique le sont en Flandre”, explique-t-on au cabinet de Willy Borsus (MR), ministre wallon en charge de l’Agriculture. Il y a bien quelques élevages intensifs de porcs intensifs en Wallonie et ceux-là sont évidemment concernés par le plan azote. “Mais le modèle agricole en Wallonie est très différent”, insiste le cabinet Borsus. Le gouvernement flamand ne parvient pas à s’entendre sur le PGDA (Programme de gestion durable de l’azote). Ce n’est pas le cas de la Wallonie. “C’est un plan que les Régions doivent adopter tous les 4 ans. Le nôtre est passé il y a 10 jours au gouvernement wallon sans encombre.” C’est très exactement le 22 février que le gouvernement wallon s’est entendu sur ce texte.

Pour Jan Jambon, la chasse à l’azote vire au cauchemar

Le dossier est éminemment environnemental, et c’est donc la ministre Céline Tellier (Écolo) en charge de l’Environnement qui porte le texte. “Cette mise à jour vise à renforcer la protection des nappes phréatiques des pollutions par les nitrates issus de l’agriculture et à mettre fin à la procédure de contentieux ouverte à l’encontre de la Wallonie par la Commission européenne en 2014”, explique Céline Tellier.

Céline Tellier (Écolo), ministre de l’Environnement: « L’ensemble des préoccupations, notamment financières, liées à l’application de l’analyse des terres, fait l’objet d’une analyse approfondie » dont les résultats devraient être connus dans les prochaines semaines.
Céline Tellier (Écolo), ministre wallonne de l’Environnement ©ÉDA

Éviter les excès

La nouvelle mouture du PGDA permet plusieurs avancées que détaille la ministre verte : “Il y a tout d’abord une prise en compte des spécificités des sols en vue d’ajuster l’épandage d’azote et éviter ainsi un apport excessif et le risque de ruissellements. Il y a ensuite l’instauration d’un registre des fertilisations azotées pour renforcer le contrôle du respect des normes d’épandage. Enfin, il y a une réduction des durées de stockage hors infrastructures permettant de réduire l’impact de celui-ci sur l’environnement”.

« La crise au sein du gouvernement flamand est totale »

Ces différentes modifications permettent de renforcer les normes en vigueur pour la protection des eaux contre la pollution des nitrates issus de l’agriculture, avance-t-on du côté du gouvernement wallon. “Complémentairement à d’autres mesures de préservation des nappes phréatiques, l’objectif est donc de préserver la qualité des eaux souterraines du territoire, de réduire l’eutrophisation et les risques pour la faune et la flore, tout en répondant aux exigences européennes en la matière. Une concertation importante a été mise en place avec le secteur agricole dès les prémisses de la révision, afin de tenir compte des réalités de terrain et de bien coordonner les mesures avec celles mises en place via la Politique Agricole Commune”, conclut la ministre.