Éclairages LED et nouveau numéro d’urgence, Infrabel veut améliorer la sécurité aux passages à niveau : “Chaque victime est une victime de trop”
Avec 31 accidents recensés en 2023 – dont 6 décès – pour 45 en 2019, le nombre d’accidents survenant à hauteur des passages à niveau en Belgique a tendance à diminuer ces dernières années. Les intrusions sur les voies impliquant des signalements aux services de secours sont également en baisse, avec 632 signalements en 2023 pour 705 signalements en 2019.
La majorité de ces incidents surviennent suite à des imprudences ou des transgressions du Code de la route. En conférence de presse, Benoît Gilson, le CEO d’Infrabel, illustre son propos par des images issues de caméras qui filment les passages à niveau pour des raisons techniques. Si la plupart des automobilistes, cyclistes ou piétons s’arrêtent lorsque la sonnerie retentit, certains poursuivent leur route, voire contournent les barrières de sécurité pour traverser le passage malgré l’approche du train. L’accident fatal est parfois évité à moins d’une demi-seconde près.
Un impact conséquent sur la ponctualité des trains
Mais si la fréquence de ces incidents diminue, leur impact sur la ponctualité des trains augmente en revanche très largement. Sur l’année 2023, les accidents aux passages à niveau ont entraîné près de 53 000 minutes de retard pour les trains, soit 2 heures et demie par jour en moyenne. Les intrusions sur les voies ont été responsables d’un peu plus de 217 000 minutes de retard, soit 10 heures par jour. Dans les deux cas, ce chiffre a doublé par rapport à 2021. Cette augmentation est liée au nombre de plus en plus élevé de trains présents sur les rails. Un seul incident impacte donc plus de trains différents qu’auparavant et, dès lors, plus de voyageurs.
Si Infrabel souligne que “chaque victime est déjà une victime de trop” et tient à lutter contre les souffrances humaines relatives à ces incidents, c’est donc aussi un immense point noir pour la ponctualité des trains en Belgique, dont on sait qu’elle reste un des défis majeurs pour rendre le rail attractif.
Pour remédier à la situation actuelle, le plan d’action d’Infrabel repose sur trois piliers. Le premier est celui des infrastructures. Avec notamment la suppression de passages à niveau. “Le réseau ferroviaire belge est l’un des plus denses d’Europe, pointe Frédéric Sacré, porte-parole d’Infrabel. Il compte 1621 passages à niveau en 2024. Depuis 2005, 451 ont été supprimés. Là où c’est possible, on privilégie des alternatives, comme un pont, un tunnel, une route parallèle, ou une piste cyclable.”
Éclairage LED et numéro d’urgence 1711
Un système d’éclairage LED rouge clignotant va aussi être progressivement installé sur les barrières des passages les plus problématiques. L’objectif est d’équiper 176 passages à niveau dans les 10 prochaines années. 20 l’ont déjà été pour les besoins de l’étude pilote, qui a révélé que le dispositif fonctionnait. “La vitesse d’approche des automobilistes a baissé de 40 %”, précise Benoit Godart, porte-parole de l’Institut Vias.
Le second pilier du plan d’action concerne la répression. La police et Securail effectueront des contrôles réguliers aux passages à niveau. Le troisième pilier est celui de la sensibilisation. La campagne numérique “La parole à ceux qui restent” diffusera les témoignages de proches de victimes. Des programmes éducatifs seront aussi déployés dans les écoles pour sensibiliser les jeunes publics.
Enfin, Infrabel lance un nouveau numéro d’urgence : le 1711. Des collaborateurs seront disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à l’autre bout de la ligne pour arrêter immédiatement la circulation d’un train en cas de situation dangereuse. C’était déjà possible auparavant mais il fallait passer par un appel aux services de secours, qui transféraient alors la demande. Le 1711 permettra d’entrer directement en contact avec Infrabel, et de gagner de précieuses minutes. Des autocollants avec le numéro seront collés à tous les passages à niveau publics de Belgique.
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