Belgique

Changer de nom ou pas ? Le dilemme préélectoral du MR

L’ère des partis attrape-tout est révolue

À ce sujet, le nom actuel “Mouvement réformateur” peut sembler vague. De quoi parle-t-on au juste ? Réformer ? Tous les partis le veulent. En 2002, la création du MR, qui reposait sur l’association du PRL, du FDF, des libéraux germanophones et du MCC, correspondait à une tentative stratégique d’union des forces au centre et au centre droit du jeu politique. Le qualificatif “réformateur” permettait de concilier les différentes sensibilités qui parcouraient la nouvelle formation. Daniel Ducarme (le père du député Denis Ducarme), président des libéraux à l’époque, souhaitait créer un grand parti démocrate sur le modèle américain.

Vingt ans plus tard, l’ère des grands partis “attrape-tout” est révolue. Georges-Louis Bouchez est persuadé que c’est dans un combat idéologique très marqué que la victoire électorale pourra être arrachée. Le jeune Montois pense depuis quelque temps recourir au pluriel “libertés” dans la redéfinition de l’image du MR. Du MR au “Mouvements des libertés” ? L’hypothèse a circulé.

Le MR pourrait être rebaptisé « Mouvement des libertés »

Mais, voilà, les élections approchent. Et, au sein du parti, plusieurs personnalités doutent de l’intérêt d’un changement de “marque” à un an du scrutin. Les lettres MR et le marketing qui les accompagne dans toutes les communications de la formation libérale sont connus du grand public. Tout conseiller en communication le sait : il en va des marques de lessives comme des partis politiques, un changement de nom met plusieurs mois à entrer dans les esprits…

”On tranchera cette question en juin”

La discussion est en cours. Changer de nom ou pas, on tranchera cette question en juin. En tout cas avant les vacances, explique une source libérale haut placée. L’identité va évoluer, oui, mais peut-être uniquement sur le logo, un mot qu’on ajouterait. Globalement, on estime que la marque MR n’est pas mauvaise. On a beaucoup fait évoluer notre identité, notre image. Ce serait peut-être du gâchis de se passer de cela. Par contre, on sent bien que dans le contexte actuel de dégagisme, avec le climat antipolitique, le fait de montrer qu’on a compris le message peut être utile.

Au-delà de la stratégie politique préélectorale, l’abandon de l’étiquette MR pourrait aussi ne pas plaire à tout le monde au sein du parti de Georges-Louis Bouchez. Un changement de nom pourrait froisser en interne. Le député Denis Ducarme, par exemple, s’était montré ouvertement sceptique. Il y a deux ans, dans La Libre, il s’était exprimé clairement : “Nous ne sommes pas seulement le mouvement des libertés, mais aussi le mouvement de la responsabilité et de l’égalité des chances”, avait-il déclaré. Pour lui, le MR représente plus que la seule idée libérale.

Denis Ducarme s’était montré sceptique à l’égard d’un changement de nom pour le MR.