Belgique

Alexander De Croo mise sur Alexia Bertrand pour négocier le budget 2024: »Quand elle parle, même Frank Vandenbroucke se tait »

L’objectif est fixé symboliquement au mardi 10 octobre, jour où Alexander De Croo devra prononcer son discours de politique générale à la Chambre. Pour que cet exercice soit utile, le Premier ministre devra obtenir au préalable un accord sur le budget 2024 de l’État fédéral.

Les organismes spécialisés ont fourni au gouvernement tous les chiffres sur les finances publiques, le conclave commencera ce week-end. Sans tenir compte de décisions portant sur des politiques nouvelles (qui coûtent des sous), la Vivaldi doit trouver entre 800 millions et 1,2 milliard d’euros. Grâce à une série de mesures approuvées l’année dernière et lors de l’ajustement budgétaire de mars, le “trou” ne s’est pas transformé en un gouffre. Toutefois, dans un contexte préélectoral, avec sept partis autour de la table, l’exercice s’annonce ardu. Comme toujours.

Comment va procéder Alexander De Croo pour ficeler le dernier budget de la législature ? Il compte entre autres s’appuyer sur la secrétaire d’État au Budget, Alexia Bertrand. Pour rappel, l’ancienne cheffe de groupe MR au Parlement bruxellois avait été nommée au sein du gouvernement fédéral fin novembre sur le quota Open VLD, le parti du Premier ministre.

La méthode du Premier ministre, c’est de partir des chiffres du bureau du Plan et du Comité de monitoring, c’est la base de travail, confie une source fédérale haut placée. Il travaille aussi en binôme serré avec Alexia Bertrand. L’atout d’Alexander De Croo, c’est elle. Elle est hyper-sérieuse, hyper-précise sur les chiffres. Quand elle parle, même Frank Vandenbroucke se tait. Au sein du gouvernement, il n’y en a pas beaucoup avec qui c’est le cas !

guillement

Alexia Bertrand est hyper-sérieuse, hyper-précise sur les chiffres.« 

Un sandwich au Starbucks a changé la vie d’Alexia Bertrand : « Elle aurait pu faire comme Paris Hilton mais elle préfère se chamailler au kern »

Le duo libéral est entré en action lundi. Alexander De Croo et Alexia Bertrand ont démarré les premières “bilatérales” avec Groen et Vooruit. Il s’agit de réunions préparatoires au conclave. Les vice-Premiers ministres, qui représentent leurs formations respectives au sein de l’exécutif, viennent faire part de leurs propositions d’économies dans leurs départements… ou dans ceux dirigés par d’autres partis. Une réflexion similaire porte également sur le volet “recettes”. Comme La Libre l’a révélé mardi, le PS pense, par exemple, à multiplier par quatre la taxe sur les comptes-titres.

Discussions discrètes dans la salle Panamarenko

Le format discret des “bilatérales” permet au chef du gouvernement de mieux comprendre les desiderata des membres de sa coalition et de commencer à élaborer un plan d’ensemble en vue d’un deal global. Ces discussions confidentielles se déroulent au 16, rue de la Loi, dans une petite pièce circulaire qui jouxte la salle du Conseil des ministres. Elle a même un nom : la Panamarenko, le nom d’artiste de Henri Van Herwegen, considéré comme l’un des plus grands artistes plasticiens belges du XXe siècle.

À ce stade, la règle fixée par la secrétaire d’État au Budget est la suivante : elle ne veut pas discuter des besoins budgétaires supplémentaires des ministres. Seulement de leurs propositions destinées à résorber le déficit. Le reste viendra après, pour peu que l’effort réalisé dans les comptes de l’État ait été suffisant.

State Secretary for Budget Alexia Bertrand pictured at the arrival for a Minister's Kern meeting of the Federal Government, in Brussels, Friday 30 June 2023. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
La secrétaire d’Etat au Budget, Alexia Bertrand (Open VLD), arrive au cabinet du Premier ministre, au 16, rue de la Loi, pour un kern.

”Je veux être la gardienne du temple”

On ne fait pas du Budget un département politique, confie Alexia Bertrand. On a fixé des règles et des principes qu’on applique à tout le monde. C’est la seule manière d’être crédible. Tout ce que je veux, c’est être la gardienne du temple budgétaire dans le respect des partenaires de la coalition. On reste des libéraux, bien sûr. Mais on respecte les demandes légitimes émises par les autres formations. Mais toujours avec cette méthode : trouver autant en recettes qu’en réduction des dépenses.

guillement

On reste des libéraux, bien sûr. Mais on respecte les demandes légitimes émises par les autres formations. »

Le couple politique que forment le Premier ministre et la secrétaire d’État est aussi fondé sur une certaine complicité. Chaque réunion en bilatérales ou en kern est préparée à deux. Alexia Bertrand jouit d’une certaine marge de manœuvre par rapport au chef de la Vivaldi et apprécie son sens de l’humour, sa résistance à la pression. Flegmatique, le Premier ministre décharge rarement son stress sur les autres, ce qui est loin d’être la norme dans l’univers politique. “Didier Reynders est comme ça également”, souligne la secrétaire d’État, qui a été la cheffe de cabinet de l’ancien Vice-Premier ministre MR durant le gouvernement Michel.

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