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La Suisse pourrait perdre son leadership en matière de gestion de la richesse

La Suisse pourrait perdre sa position de plus grand coffre-fort du monde. © Keystone / Gaetan Bally

Les grosses fortunes de la planète vont-elles préférer les banques de Hong Kong à leurs homologues suisses ces deux prochaines années? Possible. Mais le monde de la gestion de patrimoine est opaque et prévoir l’avenir est tout sauf aisé. Déficit de données, turbulences politiques planétaires: difficile de savoir quelle place financière est la mieux armée…

Ce contenu a été publié le 07 août 2023 – 09:00




a très sérieusement érodé la fameuse législation suisse sur le secret bancaire il y a six ans.

Les nouvelles réalités géopolitiques, et notamment le déplacement des richesses et du pouvoir vers l’Est, de même que la guerre en Europe, ont ravivé les spéculations autour d’une relocalisation des grosses fortunes de la Suisse vers l’Asie.

Le Boston Consulting Group (BCG) parie même que Hong Kong ravira aux banques suisses le leadership en matière de gestion de la richesse transfrontalière d’ici fin 2025. Quant à la place de Singapour, elle se bat pour figurer sur le podium tandis que la passion toute fraîche de l’élite fortunée russe pour Dubaï permet aux Émirats arabes unis de se profiler comme un nouveau challenger.

se sont finalement avérées fondées en mars.

Les riches client-e-s de Credit Suisse ont retiré de la banque 110 milliards de francs au cours des trois derniers mois de 2022 et 60 milliards supplémentaires durant le premier trimestre de cette année. UBS, acquéreur de son concurrent en mars, n’a gagné que 28 milliards de francs en nouveaux actifs nets (NNA) à travers cette opération.

La situation n’est pas plus rose pour les 73 autres banques suisses, Julius Bär, Pictet et Lombard Odier notamment, selon une étude du consultant KPMG. Les client-e-s fortuné-e-s n’ont guère apporté que 45 milliards de francs en argent frais à tous ces instituts en 2022, bien loin des 131 milliards engrangés en 2021.

«La faiblesse de l’afflux net d’argent frais découle probablement de l’impact négatif des évolutions récentes au sein du paysage bancaire suisse et d’un environnement géopolitique incertain, explique Christian Hintermann, associé Financial Service chez KPMG Suisse. Nous attendions un afflux d’actifs plus important sachant que les banques continuent à conduire des opérations prospères et sont bien positionnées à l’échelle mondiale.»

Faut-il y voir une tendance durable ou un simple accident de parcours? KPMG estime que la stabilité et l’expertise des banques privées suisses finiront par prévaloir. Le BCG prévoit toutefois que l’érosion de la domination helvétique se poursuivra sous les coups de boutoir d’autres centres de gestion de fortune offshore.

Une raison à cela est que le rythme accéléré de la création de richesse en Chine et dans d’autres pays asiatiques devrait dans une large mesure profiter aux banques et instituts de cette région. Le BCG pronostique que la richesse des plus fortuné-e-s passera de 460’000 milliards de dollars l’an dernier à 600’000 milliards en 2027. Le taux de création de nouvelle richesse en Asie et au Moyen-Orient devrait aisément surpasser celui de l’Occident.

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