Suisse

Adoptée en Suisse, de retour en Colombie en tant que Suissesse de l’étranger

Son premier voyage en Colombie: ce n’est qu’à 36 ans que Nathalie Favre s’est rendue pour la première fois dans son pays natal. zVG

Nathalie Favre vit depuis bientôt cinq ans en Colombie, où elle est née autrefois. C’est ici que cette enfant adoptée devenue adulte a retrouvé ses racines. Une expérience importante, mais qui n’a pas été facile.

Ce contenu a été publié le 11 janvier 2024 – 16:45




étudeLien externe «Éléments indicatifs d’adoptions illégales d’enfants de 10 pays d’origine en Suisse, des années 1970 aux années 1990. État des lieux des documents conservés aux Archives fédérales suisses» que des indices de pratiques illégales, de trafic d’enfants, de documents falsifiés et d’indications d’origine manquantes n’ont pas seulement été relevés au Sri Lanka, mais aussi dans des pays comme le Bangladesh, le Brésil, le Chili, le Guatemala, l’Inde, la Colombie, la Corée, le Liban, le Pérou et la Roumanie.

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Contrainte de rester

Après une grossesse pénible, Nathalie Favre est devenue elle-même maman d’un petit garçon fin 2019. L’enfant est né six semaines avant terme, et les mois qui ont suivi ont été difficiles. La jeune mère a souffert des conséquences d’une pré-éclampsie, à laquelle s’est ajoutée une dépression post-partum. Et comme si tout cela ne suffisait pas, la pandémie mondiale de coronavirus s’est déclarée, touchant également la Colombie pendant longtemps.

C’est à cette époque que le mari de Nathalie Favre — le père du garçon — a perdu son emploi, et que leurs économies de Suisse ont rapidement été épuisées. S’ensuivirent des problèmes conjugaux et, finalement, la séparation. «L’ambassade suisse m’a vivement conseillé de rentrer en Suisse en raison de la pandémie», mais son mari ne voulait pas qu’elle parte avec leur fils et elle ne comptait pas le laisser sur place. En Colombie, il n’est pas possible de quitter le pays avec un enfant sans l’accord notarié des parents ou du parent qui ne l’accompagne pas.

Le fils de Nathalie Favre est venu au monde fin 2019. Comme sa mère, il possède la nationalité suisse et colombienne. zVg

La Colombie l’a transformée, estime-t-elle aujourd’hui. La vie en Amérique latine a éveillé en elle un esprit combatif et l’a sortie de sa dépression. Contrairement à la vie en Suisse, le quotidien en Colombie se résume à la survie financière. «Il faut fonctionner», précise Nathalie Favre.

«Je suis suisse»

Grâce à ses connaissances linguistiques, Nathalie Favre travaille aujourd’hui comme assistante administrative pour une entreprise basée à Miami. Elle parle aussi couramment l’espagnol, «seul mon accent trahit le fait que je n’ai pas grandi sur place».

Elle gagne bien sa vie selon les normes colombiennes, mais cela ne lui suffit pas pour faire des folies. «Je vis très modestement», commente-t-elle.

Son fils n’est pas encore en âge d’être scolarisé, mais Nathalie Favre souhaite qu’il reçoive une éducation suisse. zVg

Deux cœurs battent dans sa poitrine. D’un côté, la Suisse lui manque. «J’ai interdit à mon père adoptif de parler de raclette ou de fondue au téléphone», raconte-t-elle. Cela la déprime trop. Ils s’appellent régulièrement, mais ne se sont pas vus depuis quatre ans, son père n’étant plus assez en forme pour entreprendre un voyage à l’étranger. Elle espère pourtant pouvoir lui présenter un jour son petit-fils.

D’un autre côté, elle qualifie sa vie en Colombie d’enrichissante. Elle y a retrouvé ses racines. Mais ce dont elle rêve par-dessus tout, c’est d’offrir une bonne éducation à son garçon de quatre ans. Or, en Colombie, on ne peut guère se le permettre. C’est pourquoi elle pense pouvoir trouver une solution avec son mari, dont elle est séparée, même sans avocat, afin de pouvoir revenir en Suisse avec son enfant.

«Je me sens suisse et j’aimerais montrer cette vie à mon fils», explique-t-elle. Elle ne souhaite cependant en aucun cas le déraciner. «Je veux lui épargner cela».

Texte relu et vérifié par Balz Rigendinger, traduit de l’allemand par Lucie Donzé

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