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Ganna s’est préparé en Suisse pour Paris-Roubaix : “Filippo a simulé tous les secteurs pavés”

Pourquoi Filippo a-t-il fait l’impasse sur le Tour des Flandres dimanche dernier ?

”Depuis le début de la saison, il établit son programme en fonction de Paris-Roubaix. Afin d’y arriver dans la meilleure forme possible, il nous semblait préférable de faire un gros bloc de préparation avec un entraînement spécifique plutôt que de participer au Tour des Flandres. Même s’il a affiché une bonne forme lors de ses dernières courses, nous ne voulions pas qu’il fasse celle de trop. Le Ronde est quand même très exigeant. Du coup, au lendemain d’À Travers la Flandre, il est retourné en Suisse où il a effectué toute sa préparation.”

Paris-Roubaix est-il son plus grand objectif de l’année ?

”C’est son principal objectif au niveau des classiques, oui. Mais il veut également briller lors du chrono des Mondiaux en août à Glasgow et s’illustrer sur tous les contre-la-montre du Giro en mai.”

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Donc, il sort d’une préparation effectuée chez lui en Suisse.

”Exactement. Il vit à quelques kilomètres de la frontière italienne et les conditions ont été optimales ces derniers jours. À la fois au niveau du climat et des routes sur lesquelles il a pu rouler.”

En quoi a consisté son entraînement ?

”Le lendemain d’À Travers La Flandre, il est allé reconnaître les pavés de Paris-Roubaix. Comme il n’y a pas de pavés près de chez lui, il a franchi des bosses en reproduisant tous les paramètres nécessaires pour chaque secteur pavés. Le but était qu’il développe autant de watts que ce qu’il peut produire sur chaque secteur pavé. Il les a tous simulés. Et ce, en tenant compte de la longueur de chacun d’eux. À l’entraînement, il a fait l’équivalent de tous les secteurs pavés, soit 136 kilomètres. On n’a rien laissé au hasard. Filippo voulait effectuer la préparation la plus méticuleuse possible et il n’y a eu aucun accroc.”

S’est-il aussi entraîné sur piste durant cette période ?

”Non. La piste d’entraînement est à deux heures et demi de route de l’endroit où il vit. Et cet élément n’était pas fondamental pour préparer Roubaix. C’était mieux de simuler en côte chaque secteur pavé. La dernière fois que Filippo s’est entraîné sur piste, c’était avant Tirreno-Adriatico et il y retournera après Roubaix pour préparer les chronos du Giro.”

Filippo est-il l’un des favoris à la victoire dimanche ?

”Je ne dirais pas qu’il en est l’un des favoris parce qu’il n’est jamais monté sur le podium à Roubaix. Mais c’était pareil avant Milan-Sanremo. Or, il s’est classé 2e de la Primavera. Le tout est de se dire qu’il a eu une préparation optimale et qu’il est prêt. Mais on sait aussi que, dimanche, le facteur chance jouera son rôle. S’il roule à son meilleur niveau mais qu’il est battu par plus fort, il n’y aura pas de regret à avoir.”

Qui est l’homme à battre ?

”Il y en a plus qu’un. Jumbo-Visma va arriver avec un gros collectif revanchard après le Tour des Flandres. Mathieu van der Poel sera là également. Puis, je n’exclus pas qu’un gars de Soudal Quick-Step se mette en avant. Roubaix est une course particulière où beaucoup de coureurs peuvent prétendre s’imposer.”

Filippo sera-t-il leader unique chez Ineos ?

”Non. Je pense qu’aucune équipe ne prend le départ de Paris-Roubaix avec un seul leader. Cette course est tellement imprévisible qu’il faut avoir plusieurs atouts dans son jeu. Filippo sera une des options chez Ineos, pas la seule.”

Vu ses qualités et son profil, pensez-vous que Paris-Roubaix est la course qui convient le mieux à Filippo ?

”Pour le moment, il a signé son meilleur résultat dans un monument cette année à Milan-Sanremo. Mais on sait que Filippo veut gagner Paris-Roubaix. C’est devenu un objectif concret depuis qu’il s’y est imposé en U23. Filippo aime l’histoire du vélo et Paris-Roubaix est une course mythique. Donc…”

guillement

« Gagner à Roubaix le ferait entrer dans une autre catégorie. »

Au niveau physique, est-il plus fort que jamais ?

”Si je me réfère à ce que j’ai vu à Tirreno, à Sanremo et à l’entraînement, je vous dirais que oui. Mais ce n’est pas une garantie de succès. Surtout pas à Paris-Roubaix.”

Que préfère-t-il : gagner Paris-Roubaix dimanche ou être champion olympique sur piste l’an prochain à Paris ?

”Pour lui, ce sont deux choses complètement différentes. Chaque accomplissement a sa propre valeur. À Paris-Roubaix, il gagnerait seul alors qu’il serait champion olympique en équipe. Conserver le titre olympique conquis à Tokyo serait exceptionnel. Dans le même temps, gagner à Roubaix le ferait entrer dans une autre catégorie: celle des vainqueurs de monument.”