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Yémen : Une délégation saoudienne rencontre les rebelles à Sanaa pour avancer vers « la paix »

Le rapprochement entre Riyad et Téhéran suscite l’espoir à Sanaa. Une délégation saoudienne s’est rendue dimanche dans la capitale du Yémen pour négocier une nouvelle trêve avec les rebelles Houthis soutenus par l’Iran, alors que l’Arabie saoudite cherche un moyen de sortir de la guerre.

L’ambassadeur d’Arabie saoudite au Yémen, Mohammed al-Jaber, a été reçu par le chef politique des rebelles, Mehdi Machat, selon les médias des Houthis, l’agence de presse Saba et la chaîne de télévision Al-Massira. Ces dernières ont diffusé des images montrant les deux hommes se serrant la main. Les négociateurs saoudiens sont venus « discuter des moyens d’avancer vers l’instauration de la paix », ont par ailleurs indiqué deux diplomates yéménites travaillant dans le Golfe et ayant requis l’anonymat.

Des rencontres rares et limitées

Comme des pans entiers du territoire du Yémen, Sanaa est sous le contrôle des Houthis depuis plus de huit ans. La coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite voisine depuis 2015 pour appuyer les forces progouvernementales n’a pas réussi à déloger les insurgés. Des responsables saoudiens se sont déjà rendus à Sanaa par le passé, des visites cependant rares et souvent limitées. Mais alors que l’Arabie saoudite sunnite tente depuis plusieurs mois de se sortir de ce bourbier, le récent rapprochement avec son grand rival régional, l’Iran chiite, a alimenté l’espoir d’un apaisement au Moyen-Orient, en particulier au Yémen.

Arrivés samedi, des médiateurs omanais sont également à Sanaa pour permettre la signature d’un accord sur une trêve durable. Une trêve a en effet été conclue il y a un an et a été depuis largement respectée, mais n’a pas été officiellement renouvelée à son expiration en octobre dernier.

Une nouvelle trêve en discussion comprend des exigences longtemps imposées par les rebelles, ont indiqué des sources gouvernementales yéménites. Il s’agit d’abord de la levée du blocus aérien et maritime que maintient l’armée saoudienne sur le pays, empêchant les aéroports et les ports sous contrôle rebelle d’opérer sans l’aval de Riyad. Autre exigence : le paiement par le gouvernement, qui détient l’essentiel des richesses énergétiques, des salaires de tous les fonctionnaires, y compris ceux travaillant dans les régions tenues par les Houthis.

Le pays le plus pauvre de la péninsule arabique subit l’une des pires crises humanitaires au monde. La guerre qui dure depuis huit ans a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, avec des défis colossaux comme les épidémies, la faim aiguë et un effondrement économique, sur fond de baisse de l’aide internationale.