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PSG : Lionel Messi, principal responsable du fiasco ou simple victime du boxon parisien ?

C’est l’histoire d’un divorce désormais inévitable. Et d’un échec plus ou moins annoncé. En décidant de sanctionner très durement Lionel Messi après son escapade saoudienne, le PSG est arrivé au point de non-retour avec l’Argentin et il semble désormais acté, comme l’ont d’ailleurs révélé nos confrères de L’Equipe, que la Pulga ne sera plus Parisien au-delà du 3 juin, date du dernier match de la saison des Rouge et Bleu. Finalement, toute la question est de savoir qui a le plus déconné dans cette histoire.

Messi, en se mettant gravement en faute à la fois vis-à-vis de son employeur et vis-à-vis de son image, un peu à la manière de Cristiano Ronaldo il y a quelques mois avec Manchester United ? Ou le PSG, qui s’achète soudainement une autorité au rabais après des années de laisser-aller insupportables au risque de passer pour un opportuniste de pacotille ? Comme souvent dans ce genre de situation, c’est un peu des deux mon capitaine.

Messi, premier responsable de son échec parisien

En décidant sciemment de planifier cette tournée marketing en Arabie saoudite, alors qu’un entraînement figurait bel et bien au planning des parisiens le lundi 1er mai – ce n’est qu’en cas de succès contre Lorient que la séance aurait sautée – et en choisissant de surcroît ne pas attendre le feu vert de son club pour aller vendre les bienfaits de la très controversée Arabie saoudite, Messi a incontestablement fauté. Mais le PSG n’aurait-il pas pu régler ça à sa manière, comme il le fait habituellement, entre quatre murs, avec une grosse amende et un coup de réglette sur les doigts, au lieu de provoquer une explosion à la déflagration internationale ? Pourquoi sanctionner aussi subitement et fortement l’une des légendes du ballon rond quand, depuis des années, les dirigeants ont fait comprendre au monde entier que l’institution passait après les caprices de ses grandes stars, Neymar en tête ?

La question de la crédibilité de la décision parisienne se pose forcément aujourd’hui. Le PSG aurait-il fait montre de la même fermeté si c’était monseigneur Mbappé en face ? Il y a fort à parier que non. En Argentine, on a clairement une idée sur la question, à l’image de ce qu’écrit le journal généraliste La Nacion ce mercredi matin, qui parle d’un « tsunami dans un verre d’eau, en transformant un problème mineur en un conflit sans retour. » « Le PSG n’a pas fait preuve à l’égard de Messi de la même souplesse qu’à plus d’une reprise à l’égard de Neymar et ses voyages au Brésil pour des carnavals ou des anniversaires familiaux », poursuit le quotidien argentin.

L’argument se tient et trouvera certainement un large écho chez les amoureux transis du champion du monde, voire jusque dans les rangs du clan du joueur. Il n’empêche que l’ancien Barcelonais, bien content de trouver un club capable à la fois de lui offrir un salaire de roi du pétrole et un environnement compétitif adéquat pour accomplir objectif ultime de fin de carrière (la quête de la Coupe du monde), n’a jamais donné la sensation de vouloir renvoyer l’ascenseur au PSG. Rarement décisif dans les matchs qui comptent malgré une fiche de stats plutôt honnête (31 buts, 29 passes décisives en 86 matchs), souvent pointé du doigt pour son manque d’engagement sur le terrain, le marcheur de Rosario est au moins aussi responsable que le PSG, si ce n’est plus, de son échec dans la capitale.

One shot ou véritable révolution ?

« Venir à Paris, ce n’était pas un choix du cœur mais un choix opportuniste dicté par le destin et ça s’est vu dans son comportement et son implication, nous dit l’ancien défenseur parisien Jimmy Algérino. Je crois que le club a tout fait pour le mettre dans les meilleures conditions et lui a permis de rester compétitif en vue de la Coupe du monde. Paris lui a beaucoup donné et n’a pas eu grand-chose en retour. Ça montre le peu de considération du joueur à l’égard du PSG. Tout Messi qu’il est, on ne peut pas se comporter ainsi. »

« Je ne remets pas en question sa carrière qui est fantastique ni son talent, mais sa venue au PSG est un fiasco total, n’hésite pas à dire Jérôme Rothen sur RMC. Et voir que lui n’a même pas la conscience professionnelle pour se dire ‘bon, en termes d’images c’est peut-être malvenu que j’aille là-bas parce que j’ai été plus que nul contre Lorient et qu’on est passé pour des tocards tout au long du match’… Quand l’équipe est à l’agonie, lui, il est encore plus à l’agonie. »

Après avoir régulièrement moqué la faiblesse d’un PSG toujours prompt à se coucher devant la toute-puissance de ses stars, difficile au fond de blâmer le club aujourd’hui. Et en réagissant ainsi, alors même que les tractations pour une éventuelle prolongation de contrat de Messi avaient lieu il y a encore quelques semaines et ne semblaient mener à rien, Paris a saisi l’opportunité de faire d’une pierre, deux coups. D’un côté le club sort par le haut en montrant que c’est lui qui se sépare de Messi et non l’inverse – ce qui fait toujours du bien à l’ego de dirigeants qataris qui n’en manquent pas – de l’autre cela lui permet de prouver par un acte fort que les promesses estivales d’un serrage de vis faites par Nasser Al-Khelaïfi ne sont pas que du blabla.

« On pourra toujours dire que le PSG se réveille bien tardivement dans sa démonstration d’autorité, bien sûr, mais une fois qu’on a dit ça, on fait quoi ? Mieux vaut tard que jamais, tranche Algérino. Je pense que c’est un signal intéressant que lance le club aux joueurs présents et futurs, toute la question est de savoir s’il trouvera un prolongement à l’avenir. »

En effet, les prochaines décisions du Paris Saint-Germain et de Nasser Al-Khelaïfi seront scrutées à la loupe en cas de nouvel écart d’un joueur. La fermeté du PSG à l’égard de Messi ne doit pas être qu’un one shot mais le début d’une nouvelle ère. Auquel cas, cet énième rebondissement dans la telenovela parisienne aura servi à quelque chose. Dans le cas contraire, Paris continuera d’être la risée du monde entier. La balle est dans son camp.