France

Normandie : Quel scénario pour le rorqual échoué sur une plage depuis deux semaines ?

Depuis le 19 avril, le cadavre d’un rorqual commun d’une trentaine de tonnes est échoué sur les côtes normandes. Préfecture et associations écologistes peinent à s’accorder sur l’avenir de la carcasse, notamment pour la sécurité des bateaux de pêche et des baigneurs. 20 Minutes fait le point.

Où se situe le cétacé à l’heure actuelle ?

Le cadavre du rorqual s’est d’abord échoué le 19 avril à Saint-Valéry-en-Caux, en Seine-Maritime, avant d’être emporté par la marée. Il est réapparu le 24 avril à Veules-les-Roses, une poignée de kilomètres plus à l’est. D’ordinaire, des scientifiques sont mobilisés à chaque échouage pour les documenter et récolter des données scientifiques. Mais la localisation du cétacé, « au pied d’une falaise de 60 mètres », rend toute intervention « trop risquée », indiquait la préfecture de Seine-Maritime dans un communiqué du 28 avril.

Les services de l’Etat comme les associations écologistes espèrent donc qu’une nouvelle marée permettra de déloger le corps du cétacé. Les conditions de coefficient des marées sont réunies du 3 au 8 mai, indique l’ONG Robin des Bois. Contactée par 20 Minutes ce vendredi, l’association nous a confirmé que le corps était toujours au pied de la falaise, mais qu’une « remise en eau naturelle pourrait intervenir dans les heures et jours qui viennent ».

Quel avenir pour la carcasse une fois remise à l’eau ?

En admettant qu’une nouvelle marée emporte le corps, la préfecture avait prévu « de faire en mer quelques prélèvements sur la carcasse », indiquait Robin des Bois dans un communiqué le 3 mai. Bien loin de l’examen complet habituellement réalisé. La carcasse devait ensuite être équipée d’une balise GPS pour assurer « un suivi du cadavre en mer, pour informer de sa présence et prévenir d’éventuelles collisions », selon la préfecture.

Un scénario auquel s’oppose l’ONG Robin des Bois, qui juge « plus raisonnable de le remorquer vers une plage ». Les arguments de l’association semblent avoir été entendus. Selon les dernières informations de l’ONG, contactée par 20 Minutes ce vendredi, « l’option de la dérive contrôlée a été abandonnée » et la carcasse pourrait bien faire l’objet d’une « tentative de remorquage ». « C’est une bonne nouvelle », se réjouit Robin des Bois. Contactée par 20 Minutes, la préfecture de Seine-Maritime n’a pas encore répondu à nos sollicitations.

Pourquoi la « dérive contrôlée » pouvait être dangereuse ?

Echouée depuis déjà deux semaines, la carcasse d’une trentaine de tonnes pourrait mettre plusieurs semaines à plusieurs mois à se décomposer. Entre-temps, le cadavre risque de rester à la dérive dans les eaux de la Manche. « Une carcasse de baleine se comporte comme une chambre à air gonflée de méthane, d’ammoniac et d’hydrogène sulfuré », alerte Robin des Bois dans son communiqué. Un risque pour les bateaux de pêche, mais aussi pour les touristes cet été si le cadavre devait « faire irruption dans les eaux de baignade » malgré la surveillance GPS.

Pire, au cours de la décomposition, le dispositif de géolocalisation pourrait « se désolidariser du cadavre de la baleine », qui pourrait alors « être entraîné dans le chenal d’aspiration des eaux de refroidissement des centrales nucléaires de Paluel et de Penly », craint l’ONG. Autant de raisons de privilégier un remorquage sur une plage, qui permettrait aussi de mener l’examen post-mortem complet habituel.