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Marathon de Paris 2023 : Courir 42,195 km, le team building idéal pour une entreprise ?

Les team building d’entreprises en escape game ou dans un atelier création de cocktails, c’était bien mignon dans les années 2010, mais il faut l’admettre, ça sonne un peu ringard désormais. Si vous voulez quelque chose d’un peu plus original – et d’ambitieux – pour souder les liens de votre effectif, pourquoi pas les faire se fader les 42 km et des poussières du marathon de Paris ?

Une idée adoptée notamment par Schneider Electric, sponsor principal de la course de la capitale. Sur les 52.000 coureurs de la ligne de départ, 6.500 feront partie de l’entreprise. A ce niveau-là, ce n’est plus une course mais un team building géant. Dominique Laurent, directeur ressources humaines France de l’entreprise, reconnaît pourtant que l’idée peut sembler contre-intuitive, avec un sport apparaissant d’emblée hyperindividuel. Mais loin de l’image du coureur solitaire, seulement face à lui-même, ses démons, ses ampoules et ses courbatures, « c’est une course avec une dimension humaine et collective très forte », assure le DRH.

Assez de temps pour l’émulation collective

Une dimension humaine soit, mais une distance qui ne l’est pas : 42,195 km à courir – oui on insiste mais quand même –, ce n’est pas à la portée de n’importe qui. Ou en tout cas, pas sans beaucoup d’entraînement et de préparation. « Pour ne pas subir la course, je demande aux futurs participants de courir trois fois par semaine entre janvier et mars », indique David Laulhey, directeur rewards France de l’entreprise et qui officie comme coach marathon pour les volontaires d’un des sites de l’entreprise chaque jeudi.

Et c’est ce côté Everest qui permet le team building. De manière pragmatique déjà, le nombre d’entraînement à faire pour bien se préparer, étalés sur plusieurs mois, sont une bénédiction, poursuit Dominique Laurent : « La particularité de s’organiser autour du marathon, c’est que l’évènement en lui-même ne dure qu’un jour – contrairement par exemple à une Coupe du monde sur quatre ou cinq semaines – mais qu’il se prépare durant des mois. On joue sur deux temporalités. » De quoi laisser le temps à des liens de se créer, mais aussi nécessiter un esprit de groupe. « Cela permet des vrais rendez-vous entre collègues, une émulation et des échanges, notamment entre services différents », estime Nicolas Martin, responsable sponsoring à la RATP, autre partenaire officiel du marathon de Paris.

De l’importance du groupe

David Laulhey le rappelle, la préparation se fait en plein hiver, ce qui peut être particulièrement démotivant pour aller courir. « Le faire à plusieurs, avec notamment un entraînement à jour et heure fixe, c’est quand même plus facile. Il y en a toujours un pour motiver les autres à venir. S’entraîner toujours seul pour un marathon, ça demande d’être très solide mentalement. » Sans parler qu’au-delà des conditions météorologiques, viennent toujours des moments de doute, « raison de plus pour se soutenir entre collègues », note-t-il.

Et évidemment, l’émulation de groupe permet de se nourrir des conseils des plus avisés. Samy travaille à la RATP depuis 23 ans, et boucle des marathons depuis 15 piges, dont 12 au sein de l’US Métro, groupe d’athlétisme de la régie. Son meilleur temps à Paris ? 2h52, et il compte bien faire mieux ce dimanche. On précise pour les non-initiés : moins de trois heures le marathon, c’est une performance qu’on peut qualifier sans trop s’avancer de monstrueuse. Un côté machine de guerre qui n’a pas manqué de faire sa réputation au sein de l’US Métro et même de la RATP. « Pas mal de collègues sont contents de côtoyer des athlètes avec une bonne prépa et des bons chronos, ça les aide pour se motiver ou se fixer des objectifs », reconnaît Samy.

Il poursuit modestement : « J’essaie de conseiller les novices, je propose même des plans d’entraînement spécifiques à certains. » Car, et c’est tout l’intérêt de la chose, il y en a pour tous les niveaux. En ce qui concerne la course reine, « on ne parle jamais de temps avec les collègues, excepté lors des deux ou trois dernières semaines. Le but est de passer un bon moment, pas de faire une performance absolument », rappelle David Laulhey.

Nicolas Martin se veut aussi tranquillisant : « Il n’y a pas besoin de courir pour participer à la course, les employés peuvent aussi occuper les stands d’eaux, de musiques, etc. » Et pour ceux qui aiment les footings mais pas forcément sur une durée aussi longue, l’US Métro propose de participer à d’autres courses moins ambitieuses, notamment le 10 km Adidas, un peu plus chill.

« Il faut faire attention à ne pas créer de la ségrégation ou de la pression avec cette épreuve », soutient Dominique Laurent. Attention à ne pas transformer le tout en une mauvaise idée tout droit sorti des cauchemars de LinkedIn façon « on force nos collaborateurs à courir en moins de trois heures pour avoir une augmentation ». Mais loin de tout ça, l’homme des ressources humaines rassure : « Oui, Schneider est partenaire et a une histoire commune avec le marathon de Paris, mais rien n’oblige un employé à suivre cette course, encore moins à la courir. »

Les bienfaits sont là à en croire Nicolas Martin, qui nous sort le couplet des immanquables valeurs sportives : dépassement de soi, organisation, plan d’entraînement, entraide, etc. « A la fin de la course, on prend un verre entre finishers. Après des mois d’entraînement collectif, c’est un incontournable, et un très bon moment », sourit David Laulhey. Niveau lien resserré, tout le monde a l’air plutôt conquis. Ça aurait été bête de se contenter d’un simple escape game.