France

Le nombre de morts au travail en nette augmentation en Ile-de-France

En France, on meurt toujours au travail, et on meurt même encore plus qu’avant en Ile-de-France, selon des chiffres rendus publics par la Caisse régionale d’assurance maladie d’Ile-de-France (Cramif) le 12 mai dernier. Le dernier décompte de l’institution indique qu’en 2021, 129 décès ont été reconnus, contre 116 en 2019, qui constitue la dernière année de référence. L’année 2020 n’est pas comparée car considérée comme étant faussée par le confinement et le Covid-19.

A rebours des idées reçues sur l’amélioration de la qualité de vie au travail, l’observation des neuf dernières années fait ressortir une tendance à l’augmentation en Ile-de-France. Entre 2012 et 2021, le nombre de décès a augmenté de 84 % (de 70 à 129 décès). Cet accroissement sur les dernières années serait aussi la conséquence du nouveau mode de reconnaissance des malaises mortels, qui relève, selon des explications fournies par la Cnam, d’une « adaptation à la jurisprudence, constante ces dernières années : tout accident au temps et au lieu du travail relève d’une prise en charge au titre du risque accident du travail/maladie professionnelle par l’application du principe de présomption ».

Le nombre de malaises mortels représente effectivement une part très élevée du total des morts au travail : 67 %, soit 87 décès en Ile-de-France. Les causes les plus répandues après les malaises sont le risque routier (12 %), le suicide (5 %) puis la chute de hauteur (4 %).

Travail temporaire et bâtiment les plus touchés

Sont concernés particulièrement en Ile-de-France les secteurs d’un côté du travail temporaire, de l’action sociale, de la santé, et du nettoyage (tous ces services étant regroupés dans le même « lot »), et de l’autre des industries du bâtiment. Le premier secteur, qui compte en réalité beaucoup d’ouvriers du bâtiment employés de manière temporaire, compte pour 24 % des morts au travail en 2021, et connaît surtout une augmentation très importante depuis 2020, avec une évolution de 11 à 31 morts (182 % d’augmentation), et même depuis 2019, où le secteur avait enregistré 24 morts. Le secteur des industries du bâtiment compte pour 17 % des morts au travail.

Si l’on s’en tient aux seuls accidents, ils ont en revanche baissé depuis 2019, avec un peu plus de 89.000 sinistres en 2021 contre 107.000. Paris est le département qui recense le plus d’accidents (plus de 15.000), suivi par la Seine-et-Marne (près de 14.000) et la Seine-Saint-Denis (près de 12.000).

Les maladies professionnelles sont en augmentation, passant de près de 6.400 cas à plus de 6.500, en raison du Covid-19, qui a vu la création d’une nouvelle catégorie, avec 266 cas relevés en 2021. Mais les Franciliens et Franciliennes restent les plus largement exposés aux troubles musculo-squelettiques, qui forment près de 75 % des maladies professionnelles, l’Ile-de-France étant une région où les bureaux sont légion. N’oublions pas qu’ici, un tiers des actifs occupés de la région sont des cadres, plus du double par rapport aux autres régions.