France

Gironde : « Les incendiaires seront moins tranquilles qu’à une époque » assure la DFCI, avant l’été

90 % des feux de forêt sont d’origine humaine, qu’il s’agisse d’accidents ou d’incendies volontaires, selon la gendarmerie nationale. Après un été 2022 apocalyptique qui a ravagé 30.000 hectares de forêt dans le département de la Gironde, des renforts de moyens ont été annoncés, notamment par le ministre de l’Intérieur depuis la Teste mi-avril, sur tous les fronts pour l’été 2023. On a appris ce mercredi, à l’occasion de la présentation du dispositif de lutte contre les incendies, que l’association régionale de défense des forêts contre l’incendie (appelée DFCI) va notamment jouer un rôle accru dans la prévention de ces feux qui ont traumatisé durablement la population. En Aquitaine, la DFCI regroupe plus de 200 associations syndicales de propriétaires forestiers qui représentent environ 2.500 bénévoles actifs.

Patrouille dissuasive

« On va assurer une surveillance, une présence dans le massif, comme le faisaient avant les résiniers, explique Bruno Lafon, président de la DFCI Aquitaine. On a besoin d’avertir des gens qui se trouveraient en forêt quand le risque est élevé et qu’ils n’ont alors rien à y faire. » Auparavant, la DFCI avait essentiellement le rôle de « garde de feu », sous l’autorité des maires, c’est-à-dire de surveillance des fumerons, une fois le travail des pompiers terminé sur place. Mais l’été 2022 a montré tout l’intérêt de cette organisation, dont les membres (jusqu’à 800 sont mobilisables) connaissent bien le terrain et peuvent orienter les soldats du feu parmi les sentiers, indiquant fossés ou points d’eau à proximité.

A partir de cet été, ils vont patrouiller sous l’autorité de la gendarmerie dans le massif, avec de nouveaux véhicules, « une mini-révolution », commente Bruno Lafon. On espère aussi leur présence dissuasive : « Il y aura du monde en forêt. C’est un message pour les incendiaires qui seront un peu moins tranquilles qu’à une époque », lance le président de la DFCI Aquitaine.

Créée après les grands incendies de 1949, la DFCI de Nouvelle-Aquitaine est aujourd’hui la seule où les forestiers privés et publics payent une cotisation de l’ordre de deux euros, qui contribue au financement de l’organisation. Le ministère de l’agriculture vient aussi de lui accorder une enveloppe d’1,8 million d’euros. « On rattrape un peu le décalage qu’on observe avec le sud est, commente Bruno Lafon. On s’est rendu compte que notre forêt aussi pouvait brûler. »

Vidéosurveillance

A partir du mois d’août 2023, huit sites seront équipés de caméras de vidéosurveillance qui viendront compléter les tours de guet, avant un déploiement plus important, sur 14 autres sites, en 2024. Quand le risque évalué dans le cadre de la « météo des forêts » sera jugé important, le préfet se réserve la possibilité d’interdire l’accès à certaines parties du massif. Pour faciliter leur présence dans le massif, la gendarmerie va mobiliser des motos tout-terrain et la police nationale sa brigade VTT.

« Il faut être humble quand il s’agit de feux de forêt, conclut Bruno Lafon. Le plus difficile ce sont les feux simultanés, comme la Teste et Landiras, mais on a essayé de mettre toutes nos chances de notre côté avant cet été. »  « Nous sommes plus forts en 2023 qu’en 2022 », assure de son côté Etienne Guyot, le préfet de la Gironde.

Passée de l’ombre à la lumière avec les feux hors normes de l’été 2022, la DFCI entend jouer un rôle plus intense et espère que son modèle inspirera d’autres régions.