France

Fête du travail : Quand les députés Renaissance reprennent l’appellation de Philippe Pétain

Le tweet des députés Renaissance a fait hurler la gauche à l’unisson. Dans un post publié à l’occasion du 1er-Mai, les parlementaires macronistes ont accompagné leur court texte valorisant la valeur travail d’une photo de muguet légendée « 1er mai 2023 – Fête du travail ». Et c’est ce terme de « Fête du travail » qui a fait sortir les élus de gauche du bois. Chacun y est allé de son tweet-réponse, sorte de passage obligé pour tout militant anti-Macron. Voici par exemple Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.

Il reproche ainsi, à l’instar de nombreuses autres personnalités de gauche, aux députés LREM de confondre la « Fête du travail » instituée par le régime de Vichy avec la fête des travailleurs. Gilles Richard, historien spécialiste des droites françaises, nous rappelle l’importance de cette différence de dénomination.

Pour Pétain, pas une fête pour les chômeurs

« Le 1er-Mai est depuis la fin du 19e siècle une journée de grèves et de manifestations, notamment pour réclamer la journée de 8 heures », explique-t-il. Parvenu au pouvoir, Philippe Pétain rend cette journée fériée. « C’est une partie des concessions que fait le Maréchal à la classe ouvrière mais c’est la Fête du travail et pas des travailleurs, pour critiquer en creux ceux qui ne travaillent pas. »

A la libération, les partis de gauche, majoritaires, maintiennent le jour férié pour éviter aux salariés de devoir faire grève et renomment le 1er-Mai en Fête des travailleurs (#MeToo n’est pas encore passé par là). « C’est aussi une reconnaissance des luttes pour les conquêtes sociales », commente Gilles Richard.

Pour l’historien, pas sûr que cette référence des députés macronistes soit intentionnelle. « Il est possible qu’ils ne connaissent rien à l’histoire. D’ailleurs sur les calendriers, c’est toujours écrit « Fête du Travail », un des derniers vestiges du pétainisme. » Au-delà de la référence à Vichy, ce choix veut aussi dire beaucoup. « La Fête des travailleurs a une connotation plus conflictuelle tandis que Fête du travail est plus consensuel, juge l’historien. Et puis c’est le choix de ne pas dire comme les syndicalistes. »