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ChatGPT : Finie la triche à l’université, Compilatio a créé un logiciel pour détecter les textes générés par l’IA

« ChatGPT, ça a changé la donne », reconnaît Lucile Guillermin, responsable marketing de Compilatio depuis sept ans. Cette société, créée en 2005 à Annecy, est spécialisée dans la lutte contre le plagiat. Elle est même considérée « experte en intégrité académique » par ses 800 clients, principalement des universités – privées comme publiques – en France et dans « 40 pays dans le monde ».

« Dès le début de l’année, on a compris la panique des facultés face à l’utilisation de ChatGPT par les étudiants pour leurs devoirs et surtout, face à la vitesse à laquelle cette technologie s’est répandue, se souvient la représentante de la boîte. Nous aussi, on a été déconcerté par la qualité des productions réalisées. Les universités se sont alors tournées vers nous pour savoir comment Compilatio pourrait répondre à cette nouvelle façon de tricher. »

Un outil fiable à 90 % pour l’instant

Rapidement, les équipes annéciennes se sont mobilisées et ont sorti une première version. Cette édition « bêta » est déjà capable de détecter si un texte est généré par une intelligence artificielle ou un humain. La longueur des mots, l’utilisation de certains termes ou leur répétition mais aussi les fautes d’orthographe et les notions de prévisibilité sont des façons de reconnaître la patte d’un robot, selon l’experte dans le domaine. Autrement dit, difficile de faire la différence avec le style d’un être humain.

« Pour améliorer notre démonstrateur, il est en libre accès sur notre site. On veut tester l’algorithme au maximum pour prouver qu’il est fiable à 100 %, ajoute Lucile Guillermin. Plus il est entraîné, plus il apprend. » À l’heure actuelle, le « IA Detector Evaluation » est fiable à 90 % face à toutes les versions de ChatGPT (3, 3,5 et 4) et peut analyser jusqu’à 2.000 caractères. « À terme, il doit pouvoir examiner un document dans son intégralité et donner le pourcentage de contenu écrit par une IA. » Cette version pourrait être disponible « avant la fin du semestre », prévoit l’entreprise sans trop s’avancer. Elle veut livrer un produit « parfait ».

Bientôt, un logiciel à destination du monde de l’édition

Mais la réponse face à cette nouvelle technologie ne doit pas se résumer à « attraper les tricheurs » ni à interdire son usage. « Dans tous les cas, on n’arrivera pas à le faire », lance la responsable marketing.

Avant d’ajouter : « On ne peut pas jouer au jeu du chat et de la souris indéfiniment. Comme pour lutter contre le plagiat quand le copier/coller d’Internet s’est développé, on doit apprendre à se servir de ces nouveaux outils à notre disposition. Il faut poser le cadre réglementaire, définir ce qui est autorisé ou non et les sanctions qui vont avec ces règles. Puis, former et accompagner les enseignants ainsi que les étudiants sur comment se servir de l’intelligence artificielle. » Sans « prendre pour vérité absolue » ce que dit ChatGPT, l’experte dans le domaine reconnaît « le gain de productivité » qu’il permet. Selon elle, il fera partie des « compétences à acquérir » dans l’avenir.

Après la filière universitaire, Compilatio veut s’attaquer à celle de l’édition et du journalisme. Comme pour les facs, elle propose aujourd’hui un outil « Copyright » pour vérifier l’authenticité des écrits envoyés et lutter contre le plagiat. Lucile Guillermin précise : « Le nouveau challenge de l’entreprise est maintenant d’élaborer un autre dispositif pour s’assurer que les manuscrits et textes sont bien écrits par des humains. » En attendant, c’est promis, cet article n’a pas été écrit par une IA…