France

Belgique : C’est quoi cette histoire de match de boxe « police vs quartier » à Bruxelles ?

« Une raclée aux préjugés. » Le musée/gymnase Mima, à Bruxelles, en Belgique, propose  jusqu’au 28 mai une exposition temporaire sur l’univers de la boxe, intitulée « Local heros ». En lien avec cette expo, plusieurs nocturnes sont organisées chaque jeudi, entre 18 et 22 heures. Au cours de celle qui doit avoir lieu ce 6 avril sur le thème  « police & quartier », des boxeurs amateurs de la police et des quartiers vont ainsi s’affronter sur le ring installé au cœur du musée. Quand les organisateurs plaident la volonté d’effacer les préjugés entre policiers et citoyens, des citoyens, justement, dénoncent l’indécence de cet événement dans un contexte d’augmentation des violences policières. 

Oublier « l’étiquette que nous avons peut-être collée à l’autre »

Selon le Mima, le postulat de « Local heros » est « une réinterprétation du gymnase grec antique » en tant que « lieu dédié à l’éducation de la jeunesse aux valeurs de la cité par le biais du sport et des arts ». Et c’est à ce titre, qu’un véritable ring de boxe a été installé dans le musée. L’idée des concepteurs de « Local heros » étant de rendre leur exposition vivante en consacrant des espaces, mais aussi des événements à la pratique de la boxe.

Et jeudi, le Mima a donc invité une dizaine de boxeurs amateurs de Molenbeek à affronter sur le ring une dizaine d’autres amateurs issus des rangs de la police locale. « Ici nous voyons des boxeurs sur le ring avec leurs qualités propres et on oublie alors l’étiquette que nous avons peut-être collée à l’autre », avance l’organisation qui voit dans cette exhibition une occasion de mettre « une raclée aux préjugés ».

Alors non, il ne s’agira pas pour l’un ou l’autre de mettre son adversaire K.O. puisqu’il s’agit davantage d’entraînement que de vrais combats. « Le but pour les adversaires est de développer leurs qualités techniques et l’art du combat. Il n’y a donc pas de vainqueur désigné à la fin de la rencontre », précise le musée sur son site internet.

Néanmoins, l’initiative suscite l’indignation sur Instagram et autres réseaux sociaux, notamment de personnes se revendiquant « militants, artistes et familles de victimes de violences policières ». « De quels préjugés nous parle-t-on ? De simples problèmes relationnels ? D’une appréhension injustifiée d’un groupe à l’autre ? », s’interrogent les signataires du post. Pour eux, la démarche est même contre-productive puisque faire s’affronter policiers et quartier sur un ring « appuie l’idée de deux clans opposés ».

Une « opération de com » de la police

Les opposants à cette rencontre mettent surtout en exergue « un contexte dans lequel les violences policières ne font qu’augmenter », pour justifier leur démarche. Prétendre que les « adversaires sont ramenés à un pied d’égalité sur un ring » est « indécent », affirment-ils. Pour les signataires de la demande d’annulation des matchs « police & quartier », cette nocturne n’est qu’une « opération de com’ » de la police pour « redorer son blason ».

Un blason largement terni par un rapport du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd) de l’organisation des nations unies (ONU) qui, en 2021, s’inquiétait de l’emploi du profilage ethnique par les forces de l’ordre. Dans ce même rapport, le Cerd se disait préoccupé par des « décès en détention » et des « mauvais traitements » infligés par des policiers « à des minorités ethniques, des migrants et des demandeurs d’asile ». Par le biais de ce comité, l’ONU a recommandé fortement à l’Etat belge de « prendre des mesures » en sanctionnant les policiers reconnus coupables ou encore en promouvant la diversité ethnique au sein de la police.