Belgique

Youssef Handichi (MR): « Je ne suis pas forcément pour la neutralité exclusive de l’État »

En venant du PTB, vous pourriez avoir du mal à accepter le projet fiscal du MR. Les programmes de deux partis sont très opposés…

Notre fiscalité est l’une des plus hautes d’Europe. Est-ce que cet argent est bien géré ? Est-il placé là où il faudrait qu’il le soit ? Il faut aussi renforcer les soins de santé, le MR est réceptif à cela. Un travail a été fait aussi sur l’enseignement. C’est agréable pour moi de découvrir qu’on est sur la même longueur d’onde avec le MR sur ces axes.

Le libéralisme vous a semblé plus efficace que le marxisme comme doctrine permettant l’émancipation sociale ?

Clairement. Il suffit de voir mon parcours : créer une boîte en moins de deux ans et demi et se lancer comme entrepreneur… Je pense que le libéralisme est un meilleur ascenseur social.

Est-ce que vous souscrivez à 100 % à ce que le MR représente en termes de neutralité de l’État ? Il y a eu notamment ce débat à Anderlecht sur le port du voile dans l’administration. Les libéraux ont adopté un point de vue très tranché.

J’ai dit que j’étais 100 % d’accord sur le socio-économique. Effectivement, il y a encore pas mal de débats à avoir avec la direction du parti sur plusieurs points du programme. Et je suis obligé de vous rappeler qui je suis. Il n’est pas question de nier mon identité : je suis des “quartiers”, je suis musulman et d’origine marocaine.

Vous n’êtes pas forcément pour une neutralité exclusive de l’État ?

Je ne suis pas forcément pour la neutralité exclusive de l’État. Mais on va travailler sur ces questions. Si j’ai été accueilli au MR, c’est pour amener mon identité et c’est ce que je vais faire. Il n’est pas question d’effacer qui je suis. Ni moi, ni le MR ne sommes dans cette démarche.

guillement

Si j’ai été accueilli au MR, c’est pour amener mon identité et c’est ce que je vais faire. Il n’est pas question d’effacer qui je suis.« 

Une vidéo détournée odieuse circule sur les réseaux sociaux où on fait parler un enfant de Gaza qui parle de la “trahison de Youssef Handichi qui a rejoint le MR”. Certains vont jouer sur cette fibre car le MR passe pour moins pro-palestinien que le PTB…

Quand je pose la question au MR sur la position adoptée à l’égard du conflit entre Israël et le Hamas, on me dit que le premier point, c’est le cessez-le-feu. Puis, la libération des otages, le respect du droit international et le fait que les deux États doivent pouvoir cohabiter. La position du MR, c’est donc ces quatre points et pas les caricatures et autres manipulations qui sont faites. C’est comme ça que Hadja Lahbib (MR, ministre des Affaires étrangères) et la Belgique se sont positionnées. La Belgique a eu une position pionnière et courageuse sur laquelle l’Europe vient de s’aligner.

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La question palestinienne, est-ce un gros enjeu pour vous dans la campagne ?

On voit très bien que dans les quartiers populaires, en ce moment, il y a pas mal de manipulations à ce sujet. Certains veulent y aller à fond pour ne pas discuter du socio-économique. Mais notre rôle, au MR, est de faire en sorte que la campagne ne se déroule pas exclusivement là-dessus.

Vous considérez que le Hamas est un groupe terroriste.

Oui, il faut être clair là-dessus.

Zakia Khattabi pouvait difficilement ignorer que le Hamas est considéré comme une organisation terroriste

Quelles sont les raisons profondes de votre ascension sociale ? Comment êtes-vous passé des quartiers populaires bruxellois au parlement et à la création de votre entreprise ?

Très tôt dans ma vie, j’ai dû être fort. Je n’ai pas eu une enfance facile. Je suis le dernier d’une famille de 9 enfants et j’ai dû me battre pour ne pas que la famille s’effondre financièrement. À 16 ans, j’étais déjà devenu adulte. Mon père était pensionné. À 19 ans, je me levais à 4 h 30 pour aller travailler sur des chantiers à Anvers. Je l’ai fait, c’était dur, mais ça m’a forgé. Et cela m’a permis de taper du poing sur la table face à des patrons quand il le fallait, à la Stib, dans les syndicats, puis au Parlement. J’ai zéro diplôme, je ne suis pas un intellectuel qui est dans l’analyse : je viens du terrain.

guillement

Très tôt dans ma vie, j’ai dû être fort. Je n’ai pas eu une enfance facile. Je suis le dernier d’une famille de 9 enfants et j’ai dû me battre pour ne pas que la famille s’effondre financièrement. »