Belgique

Un nouveau centre de prise en charge des violences sexuelles à Namur : “Le nombre réel de viols par jour avoisinerait la centaine. C’est effroyable”

Quatre centres supplémentaires devraient s’ouvrir dans les toutes prochaines années, à Mons, Eupen, dans le Brabant wallon et dans l’arrondissement de Hal-Vilvorde, selon le projet de Sarah Schlitz, qui veut arriver à un maillage de 14 centres, soit un par parquet du pays.

En 2024, il devrait y avoir un CPVS par parquet

Sécurité, intimité, bienveillance

Lundi, lors de l’inauguration du CPVS de Namur, auquel collaborent les 13 zones de police de l’arrondissement judiciaire et le parquet, les responsables du Centre hospitalier régional se sont dit convaincus que ce projet constituait la meilleure manière de proposer une prise en charge complète et personnalisée aux victimes de violences sexuelles, en toute sécurité, intimité et bienveillance. Différentes spécialisations (gynécologie, infectiologie, psychologie, infirmières légistes…) cohabiteront au sein du CPVS.

Les personnes agressées, sans distinction de genre, d’âge, d’orientation sexuelle ou de situation administrative, y trouveront un accueil et une aide médicale, médico-légale et psychologique gratuite, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Si elles le souhaitent, les victimes auront aussi la possibilité d’y déposer plainte auprès d’inspecteurs et d’inspectrices spécifiquement formés.

”Effroyable”

Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2022 (derniers chiffres disponibles), quelque 269 victimes se sont présentées chaque mois au sein des 7 CPVS alors en activité. Dans plus de 9 cas sur 10 (91,7 %), ce sont des femmes (dont des femmes trans) qui viennent demander de l’aide. La moyenne d’âge des victimes est de 23 ans ; plus d’un tiers d’entre elles (34,2 %) étaient mineures au moment de l’admission.

Pour le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), l’approche des centres de prise en charge des violences sexuelles fonctionne et prouve son utilité. Si, chaque jour, dix viols sont dénoncés en Belgique, le nombre réel serait dix fois plus élevé, avoisinant la centaine au quotidien, selon les estimations. “Ce qui est effroyable”, poursuit le ministre.

Davantage de preuves

Le libéral flamand constate cependant que les victimes s’adressent de plus en plus aux CPVS, font faire des prélèvements de traces et déposent plus souvent plainte. Ce qui se traduit par davantage de preuves, de risques, pour l’auteur, d’être confondu et donc d’être condamné. Le ministre rappelle aussi le nouveau droit pénal sexuel, d’application depuis le 1er juin 2022, plus sévère à l’égard des agresseurs. “Mais il reste beaucoup à faire pour les victimes, convient Vincent Van Quickenborne. A chacune, je veux dire clairement : vous n’êtes pas seule, rendez-vous le plus rapidement possible dans un CPVS, comme ici à Namur.”