Belgique

Rodéos urbains, cambriolages, affrontements entre bandes : une nouvelle zone de non-droit en périphérie bruxelloise ?

« Dès qu’ils sont arrêtés, ils sont immédiatement relaxés et se sentent tout puissants »

Les riverains et commerçants de cette entité appartenant à Leeuw-Saint-Pierre sont à bout de nerfs. Depuis quelques mois, des jeunes semblent faire leur propre loi en toute impunité. “Dès qu’ils sont arrêtés, ils sont immédiatement relaxés et se sentent tout puissants”, explique Bruno, un riverain. “La situation est surtout problématique au niveau de l’église où des bandes urbaines de Ruisbroek et de Forest s’affrontent fréquemment. Un règlement de compte entre bandes rivales s’est à nouveau déroulé le samedi 30 avril et trois combis de police ont dû intervenir pour calmer les esprits.”

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Dernier fait en date : ce samedi, en pleine journée, des affrontements entre jeunes ont éclaté à coups de jets de pierre et de batte de base-ball. “La brigade canine a dû intervenir puis, en soirée, un gars du quartier en état d’ivresse a jeté un panneau de signalisation sur un bus. La pizzeria et les autres commerçants perdent beaucoup de clients à cause de cette situation. Les riverains ne comprennent pas pourquoi il n’y a pas tolérance zéro suite à cette violence et ces regroupements”, ajoute Bruno.

Ce riverain a lui-même failli se faire agresser lorsqu’il a fait remarquer à un chauffard qu’il roulait beaucoup trop vite. “L’homme s’est arrêté, a fait marche arrière pour venir à ma hauteur et a fait mine de sortir une arme de sa poche pour m’effrayer. Cette situation est insupportable”, fulmine-t-il. “Un jeune d’origine russe a également eu affaire à quatre jeunes d’origine marocaine qui l’ont frappé. Le père de la victime a dû intervenir pour le sauver.”

Ce genre de scénario est de plus en plus récurrent, et les commerçants sont, eux aussi, ciblés. Plusieurs cambriolages sont survenus récemment. “Pourquoi n’y a-t-il pas de dispositif de caméra moderne à 360 degrés et efficaces devant l’église et dans les rues du centre”, s’étonne un commerçant qui tient à rester anonyme par crainte de représailles.

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La police semble avoir peur et nous décourage de porter plainte. Elle est parfois même témoin de délits mais n’intervient pas. Il y a des manquements à tous les niveaux. Plusieurs personnes déménagent suite à l’insécurité croissante.”

Les infrastructures publiques délaissées

Selon lui, l’entité de Ruisbroek est délaissée au profit du reste de Sint-Pieters-Woluwe. L’absence d’entretien des infrastructures en est la preuve. “Les rares plaines de jeux du quartier sont vétustes et abandonnées. Les deux terrains de foot sont dépourvus de grillages et de filets, idem pour le terrain de basket. Il n’y a aucune barre de traction adéquate pour la pratique du street workout. Des jeunes ont déplacé des troncs d’arbres pour faire office de banc”, poursuit Bruno. “Pendant le Covid, les plaines de jeunes ont été très fréquentées et une rénovation aurait vraiment été nécessaire. Malgré les promesses faites, la situation reste inchangée depuis plusieurs années. Les citoyens se posent des questions : pourquoi autant de négligence ? Surtout pour des familles défavorisées qui ne savent pas payer des locations de terrains de padel par exemple.”

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Des agents en civil pour assurer la sécurité

Contacté, Jan Desmeth (N-VA), bourgmestre de Leeuw-Saint-Pierre, affirme que la sécurité “est une de nos principales priorités”. “Pour faire face à ce problème, nous travaillons de plus en plus avec des agents en civil dans des véhicules anonymes. Cela permet de faire beaucoup plus d’observations et d’intervenir de manière plus ciblée. Nous poursuivons et développons ces efforts. Outre nos nombreux projets et actions de prévention, l’application de la loi reste un élément essentiel”, conclut-il.