Belgique

Procès des attentats à Bruxelles : un juré récusé après avoir qualifié l’appartement du Dries de « cellule opérationnelle »

Ce juré suppléant avait demandé « quel était l’état d’esprit au sein de la Sûreté de l’État lorsque (ce service) a découvert qu’il y avait une cellule opérationnelle armée au sein de la rue du Dries ». Ce terme dénote un parti pris dans le chef du juré, a dénoncé Me Paci, soutenue dans sa demande de destitution par Me Laura Séverin, conseil de l’accusé Sofien Ayari.

Les deux pénalistes affirment depuis le début du procès que leurs clients respectifs ne sont pas impliqués dans les attentats qui ont déchiré la capitale belge, Me Paci arguant que Salah Abdeslam voulait se rendre en Syrie après les attentats de Paris, le 13 novembre 2015, et attendait à Bruxelles qu’une voie s’ouvre vers le pays en guerre.

Avant de prendre sa décision, la présidente a demandé à toutes les parties leur avis sur la question. Le procureur fédéral Bernard Michel a pointé une « parole regrettable » qui ne peut toutefois rester sans conséquence. Pour les parties civiles, Mes Olivia Venet et Guillaume Lys ont indiqué s’en remettre à la sagesse de la cour, le dernier soulignant toutefois la qualité de la question posée par le juré.

Du côté du box des accusés, les rangs étaient plus divisés. Mes Laura Pinilla, qui défend Mohamed Abrini, et Gisèle Stuyck, conseil d’Osama Krayem, ont soutenu la demande de récusation, tandis que Me Jonathan De Taye, l’avocat d’Ali El Haddad Asufi, a souligné n’être « pas persuadé que les paroles du juré trahissent sa pensée ». Il a été rejoint en ce sens par Me Vincent Lurquin, qui assure la défense d’Hervé Bayingana Muhirwa. « C’est malheureux », a soupiré Me Virginie Taelman, qui représente Bilal El Makhoukhi, affirmant comprendre cependant la position de ses consoeurs.

« Honnêtement, je ne suis pas d’accord », s’est opposé Me Xavier Carrette, qui défend Ibrahim Farisi. « Cela fait des jours et des jours qu’on nous bassine avec ce terme » durant les divers exposés des témoins, notamment des enquêteurs. « Ce n’est pas pour ça qu’il y a un préjugé au départ. C’est mon avis », a-t-il avancé.

« Les mots ont leur importance et je ne vois pas bien comment on peut les interpréter autrement », a répondu Me Paci. Après une nouvelle interruption d’audience, plus brève, la cour lui a finalement donné raison.

Sollicités par la présidente, les accusés n’ont pas désiré s’exprimer sur cette question.

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