Belgique

Presque tous les véhicules de services postaux transportent des colis avec de la drogue en Belgique

Il n’existe pas de chiffres précis sur ce type de trafic, mais le phénomène prend rapidement de l’ampleur et n’est plus un problème marginal, estime Marc Vancoillie, chef de service au Centrex Drugs de la police judiciaire fédérale. Et cela se fait sans que les services postaux soient au courant, ajoute-t-il. Ce sont surtout des drogues de synthèse qui quittent la Belgique via des services postaux. Ce n’est pas illogique, puisque notre pays est, avec les Pays-Bas, l’un des plus gros producteurs mondiaux de drogues de synthèse, comme la MDMA sous forme liquide ou transformée en pilules d’ecstasy. La kétamine est également devenue très populaire, selon les experts.

« Gagner la guerre contre la drogue ? Jamais. À Namur, la police est réaliste et gagne plutôt des batailles »

Les criminels ont deux raisons de faire du trafic de drogue par le biais de colis postaux. D’une part, c’est extrêmement lucratif, car plusieurs drogues ont une valeur marchande plus élevée dans d’autres pays et rapportent donc beaucoup. D’autre part, les chances de se faire prendre sont faibles, principalement en raison de l’énorme volume de colis envoyés chaque jour. Ce nombre a d’ailleurs explosé pendant la crise du Covid, dont les criminels de la drogue ont profité.

« Il est impossible d’ouvrir tous les colis à la recherche de drogue, tout comme il est impossible de contrôler tous les conteneurs dans le port d’Anvers. L’une des raisons d’être économiques des services postaux est tout simplement leur rapidité », souligne Charlotte Colman, professeur de criminologie à l’Université de Gand et coordinatrice nationale en matière de drogues. Vancoillie, quant à lui, souligne que l’accord de Schengen complique la lutte contre ces colis, car les envois sont toujours très peu contrôlés en Europe.

Selon ce dernier, un contrôle d’identité obligatoire dissuaderait un grand nombre de trafiquants, car actuellement, toute personne qui dépose un colis à la poste n’est pas obligée de décliner son identité. « C’est aux autorités politiques de faire quelque chose à ce sujet », ajoute-t-il. Il explique cependant que de plus en plus d’initiatives sont prises au sein de la police pour lutter contre ce problème.