Belgique

Les témoignages continuent aux attentats de Bruxelles: « Je me suis sentie totalement abandonnée »

Vive émotion au procès des attentats à Bruxelles: « Jamais, au grand jamais, je ne leur pardonnerai! », assène une victime

« Une fois que la station a été évacuée, on a mis les balises pour la fermer (…) Mon collègue m’a dit qu’il fallait qu’on aille à Maelbeek, pour voir si on pouvait donner un coup de main », a-t-elle raconté. Arrivés sur place, un de leur collègue de la Stib leur a dit de ne pas rentrer, le boulot de la société de transport était fait, et ils devaient s’épargner la vue de l’intérieur de la station. Après être restée auprès des victimes qui commençaient à sortir de la station, les deux collègues d’Arts-Loi sont allés jusqu’à Schuman, où un de leurs collègues – qui devait prendre son service dans l’après-midi – s’est inquiété de leur sort et est venu les chercher pour les ramener à la maison.

Une victime se confie au procès des attentats de Bruxelles: « Le seau était plein mais, là, il a débordé »

« Au nom de tous mes collègues, je veux dire qu’on a eu un sentiment d’abandon total. Il n’y a eu aucune communication pour nous dire quoi que ce soit, ce qu’on devait faire. Les collègues de l’après-midi ne savaient même pas s’ils devaient prendre leur service », a-t-elle dénoncé.

Par la suite, son employeur lui a proposé un service psychologique. Mais, les professionnels changeant régulièrement entre les séances, Maryse Masset a préféré arrêter la thérapie.

Elle a repris la conduite des métros « trois ou six mois » après les attentats. Mais au bout de trois mois, lors d’un rassemblement sportif, l’amas de supporters bruyants à la station Maelbeek a signé la fin de sa carrière. « Cela a été un long combat avec le service médical de la Stib. On me disait ‘si tu ne reprends plus la conduite métro, on ne peut pas te garantir un poste ». « Le seul poste que la Stib m’a proposé, c’est de nettoyer les bogies (chariot sur lequel sont fixées les roues d’un métro, NDLR), comme en cas de suicide par exemple. Je trouvais ça très malsain et je ne suis pas la seule à qui on a proposé ça après les attentats. » C’est finalement grâce à la « chaîne de solidarité » des syndicats, qu’elle est toujours à la Stib, comme magasinière à Delta. C’est là que se trouve la rame de métro où s’est fait exploser le kamikaze. « C’est difficile. On a envie que ça se termine et que cette chose ne soit plus là », a-t-elle ponctué.