Belgique

La commission de vigilance du PS relève des incohérences dans les propos de Catherine Moureaux

Mais une première réunion décisionnelle avait déjà eu lieu le 29 novembre, à l’issue de laquelle un consensus semblait s’être dégagé entre les membres pour une réprimande à l’égard de la bourgmestre et de son emportement et une suspension d’un an de l’échevin.

Une lecture comparative de deux documents relatifs à ces réunions révèle certes une différence sur la décision. Mais le plus récent en date reproduit une description similaire des faits et des témoignages qui révèlent plusieurs incohérences dans la relation des faits par l’échevin.

Comme Catherine Moureaux avant lui, l’échevin Abdallah Achaoui, membre du même parti, avait saisi la commission de vigilance du PS à la suite d’une discussion houleuse qui a eu lieu le 5 octobre dernier dans le cabinet de la bourgmestre en présence de trois autres échevins socialistes.

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Evincé du bureau de la première, le second avait aussitôt prévenu le président de la Fédération Ahmed Laaouej. La bourgmestre avait saisi le même jour la commission de vigilance du parti.

L’échevin Achaoui en a fait de même le 8 octobre suivant, invoquant avoir été expulsé du bureau après avoir été saisi par le cou. Il a ensuite affirmé avoir été placé en incapacité de travail pour les séquelles de ces faits durant dix jours. Catherine Moureaux affirme l’avoir brièvement saisi par la chemise.

Point de départ de la divergence de l’échange surchauffé, la réintégration proche, après une longue absence consécutive à une procédure disciplinaire, ainsi que la mutation d’un agent du Service Plantations dépendant de l’échevin Achaoui, vers le Service Propreté. M. Achaoui refusait catégoriquement cette option.

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« A un moment de cet affrontement verbal, AA (ndlr: Abdallah Achaoui) a interpellé CM (ndlr: Catherine Moureaux), en la pointant du doigt, invoquant avec insistance le souvenir de son père, Philippe Moureaux, ainsi que la loi dont il est l’auteur, affirmant, notamment, qu’elle n’était pas à sa hauteur dans la lutte contre le racisme. Cette intervention a déclenché la colère de CM qui a intimé, à plusieurs reprises, à AA l’ordre de quitter son bureau. Celui-ci tardant à s’exécuter, CM s’est dirigée vers lui et l’a saisi par le revers de son vêtement. Elle l’a très rapidement lâché, AA quittant la pièce pour se rendre dans son bureau. Après avoir retrouvé son calme, CM a demandé à Ahmed Gjanaj d’avertir AA de la reprise les travaux du collège mais celui-ci a refusé de revenir en séance », a établi la commission de vigilance sur base d’auditions.

Dans les deux documents, la commission de vigilance acte le fait que le refus de l’échevin Achaoui d’approuver la mutation de l’agent « semblait surtout motivé par les ressentiments qu’éprouve incontestablement AA à l’égard de CM, qu’il accuse de ne pas avoir voulu prendre en considération les plaintes pour faits de racisme qu’il a, dit-il, maintes fois formulées et qui, selon lui, sont restées sans suite ». La commission juge ces propos sans fondement, sur foi des documents que l’échevin « a lui-même fournis aux rapporteurs » établissant « à suffisance le suivi circonstancié réservé à ses plaintes ».

« Tous les témoins font état de l’énervement de AA et des propos totalement inappropriés qu’il a émis, évoquant feu Philippe Moureaux » dans ce contexte, a-t-on encore lu.

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Autre nuance, voire remise en cause: « AA soutient avoir été agressé physiquement par CM, qui l’aurait violemment empoigné au niveau du cou et l’aurait jeté hors de son bureau, alors qu’aucun des témoins entendus ne corrobore cette version. Ils témoignent tous de ce que CM aurait brièvement saisi, au niveau du torse, le vêtement de AA alors qu’il s’était levé pour sortir mais qu’elle se serait rapidement reprise et se serait éloignée de la porte pour aller s’asseoir, bouleversée, de l’autre côté de la pièce; aucun des témoins ne confirme que ces faits aient, de leur point de vue, constitué une scène d’agression d’une violence inouïe comme le soutient AA. Pour eux, si l’ensemble de l’épisode était choquant et pénible, ce n’était certainement pas le seul geste de CM qui en était la cause ».

Par ailleurs, « aucun des témoins ne fait état d’un geste au niveau du cou ni d’ailleurs d’un quelconque autre geste qui aurait pu entraîner les blessures ou autres séquelles physiques dont AA fait état », a-t-on encore pu lire.