Belgique

”La Belgique est à la pointe dans l’intelligence artificielle en santé”

Ainsi, le “Plan National de convergence pour le développement de l’intelligence artificielle” concocté par le secrétaire d’État à la Digitalisation, Mathieu Michel (MR), contient un chapitre spécifique consacré à la santé. Et “nous avons un budget d’innovation de 20 millions d’euros pour 2024 qui doit servir à mettre au premier plan l’IA dans les soins de santé”, souligne le cabinet du ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit). Ce montant servira a priori à financer des projets sélectionnés sur base d’un appel à projets.

Trois projets pilotes en Belgique

Pour l’heure, en Belgique, il existe déjà trois projets d’”aide à la décision clinique” : pour l’imagerie médicale, les tests de laboratoire de biologie clinique et la physiothérapie.

”L’objectif est la mise en place au niveau national de trois applications électroniques qui aideront les médecins demandeurs à prescrire le bon examen au bon patient. L’implémentation de ces applications est en cours, explique le cabinet Vandenbroucke. Il ne s’agit pas pour l’instant d’intelligence artificielle en tant que telle mais d’un système d’arbre de décision classique basé sur des preuves, dans le but d’accompagner les médecins dans la prescription d’imagerie médicale, de biologie clinique ou d’antibiotiques. Cependant, une évolution vers un modèle d’IA basé sur “l’expérience” pourra être prévue et sera étudiée si nécessaire.”

L’espoir, in fine, c’est que les patients soient soignés plus vite, mieux et à moindre coût.

Selon Giovanni Briganti, l’IA trouve des applications, déjà peu ou prou utilisées, dans trois grands domaines de la santé. Premièrement, le domaine clinique, c’est-à-dire “la relation entre le médecin et le patient, et la façon dont le médecin va pouvoir soigner le patient plus vite et plus efficacement”.

Des diagnostics plus précis

”Dans ce domaine, la plus grosse activité est l’aide au diagnostic”, en particulier pour les radiologues, les anatomopathologistes (spécialistes des organes, tissus et cellules) et les biologistes cliniciens. Le rôle de l’IA consiste à rédiger à partir des examens du patient une sorte de pré-diagnostic qui sera soumis au médecin.

Dans le domaine clinique, l’IA va également jouer un rôle dans la gestion des maladies à domicile, surtout en cardiologie, neurologie et pour le diabète. Elle aura pour mission d’alerter le médecin lorsqu’elle détecte des anomalies dans les paramètres du patient que ce dernier aura relevés lui-même à l’aide d’appareils connectés.

Giovanni Briganti, maître de conférence à l'ULB, expert en intelligence artificielle, pilote de la plateforme fédérale AI4Health.
Giovanni Briganti, médecin clinicien, maître de conférence à l’ULB, responsable du groupe de travail fédéral AI4Health. ©Twitter

Le second domaine mis en évidence par Giovanni Briganti est le domaine administratif, paraclinique. L’IA va permettre de réduire les charges administratives, en facilitant par exemple la gestion des salles d’opération.

Enfin, le troisième domaine est la recherche et le développement.

Des économies substantielles

L’espoir, in fine, de l’IA en santé c’est que les patients soient soignés plus vite, mieux et à moindre coût. Des diagnostics plus précoces et plus précis garantissent en effet de meilleurs taux de guérison, à l’aide de traitements moins lourds, surtout si ceux-ci sont mieux calibrés. Et tout cela devrait générer des réductions de dépenses dans les soins de santé.

Ainsi, selon la Commission européenne, la création d’un espace européen des données de santé (EHDS) “devrait permettre à l'[Union européenne] d’économiser environ 11 milliards d’euros sur dix ans” – l’exploitation de données à grande échelle est indispensable au développement d’une IA efficace.

Et selon Mathieu Michel, “on estime qu’un système de santé performant en matière de médecine prédictive, de diagnostic précoce, de traitement adapté, permet de réduire les dépenses de santé de l’ordre de 20 à 30 % facilement. Lorsqu’on sait que le budget des soins de santé en Belgique est de 35 milliards, on voit les montants en jeu.” Cela dit, conclut-il, “le but n’est pas de réduire les budgets. Le but est d’améliorer les soins de santé. On peut très bien décider de garder les budgets inchangés et d’augmenter les prestations. Ce sera un choix politique.”