Belgique

Huit jeunes sur dix qui quittent le secondaire sans diplôme sont issus du qualifiant

Premier constat : pour améliorer l’enseignement qualifiant, il faut avant tout casser les mécanismes de relégations scolaires successives : des sections de transition vers les sections qualifiantes ; puis, au sein du qualifiant, du technique de qualification vers l’enseignement professionnel, et du plein exercice vers l’alternance. “L’enseignement qualifiant se retrouve dans la position d’accueillir une part disproportionnée d’élèves en difficulté, au terme de parcours marqués le plus fréquemment par des expériences d’échecs et d’orientations négatives”, lit-on.

Chaque année, pointe le rapport, “11 000 jeunes quittent l’enseignement secondaire sans diplôme, dont 80 % sont issus du qualifiant”. Pour inverser la tendance, un gros effort doit notamment être accompli en matière d’information. Éveiller l’intérêt pour les différentes filières et mieux les faire connaître paraissent indispensables, ainsi qu’accentuer le travail d’orientation positive des élèves.

Enseignement : “On gaspille beaucoup d’argent pour créer des cohortes de jeunes inemployables”

Un financement supérieur à la moyenne européenne

Autre grand défi à relever : améliorer la qualité des formations dispensées. Une partie des formateurs apparaissent trop éloignés des réalités de terrain et devraient mieux connaître les métiers auxquels ils forment. À ce jour, aucune obligation de pratique professionnelle dans leur domaine, ni même de remise à jour régulière, ne fût-ce que technique, ne leur est en effet imposée.

Il y a du progrès à faire aussi du côté des élèves. Le rapport pointe leur “maîtrise insuffisante des compétences comportementales et des savoir-être de base pour opérer dans le monde professionnel”.

Enfin, les pouvoirs publics en prennent également pour leur grade. Le secteur est morcelé. Il y a trop d’acteurs qui se font concurrence : “50 % des options de base groupées sont organisées avec moins de 10 élèves, dans des écoles parfois distantes de seulement cinq kilomètres”. D’où une perte d’efficacité et un gaspillage des ressources financières.

La formation qualifiante et la formation professionnelle représentent un budget de 2,16 milliards d’euros (1,69 milliard à charge de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le reste à charge de la Wallonie et de Bruxelles). Par apprenant, c’est largement au-dessus de la moyenne de l’OCDE.

Alternance: le nombre d’inscriptions s’érode

L’état des lieux fait la part belle à l’alternance, et notamment à l’alternance pour jeunes. Cette dernière est accessible à partir de 15 ans et, pour les opérateurs wallons et bruxellois, jusqu’à 25 ans (moyennant des conditions minimales d’accès en termes de fréquentation antérieure de l’enseignement secondaire). D’une durée habituelle de 2 ou 3 ans, elle combine un à deux jours par semaine de formation en centre avec trois à quatre jours de formation en milieu de travail.

Chaque année depuis dix ans, le nombre d’inscriptions s’y érode d’environ 1 %. “Et pourtant, pour une grande partie des apprenants et des employeurs qui y participent, l’alternance est déjà vue comme une filière de qualité”, constate le rapport avec cependant trois grosses nuances. La qualité de l’offre est très inégale. En outre, le secteur se caractérise par un important taux d’abandon. Et enfin, il conserve “une image négative de filière de dernier recours, concentrant une part importante des publics scolaires en situation d’échecs répétés”.

Plus de 90 % des apprenants inscrits au deuxième degré secondaire en Cefa (Centres d’éducation et de formation en alternance) présentent un retard scolaire supérieur à un an. Vous avez dit relégation ?

La marge de progression est énorme

Rappelons que l’alternance pour jeunes est organisée au sein des établissements d’enseignement secondaire ordinaire ou spécialisé (relevant de la Fédération Wallonie-Bruxelles) en collaboration avec l’un des Cefa, et au sein de la formation professionnelle (relevant de la Wallonie et de la Cocof) sur les sites de l’IfaPME. Vous avez dit complexité ?

Dernier constat : 60 % des apprenants se concentrent dans 3 domaines et la formation pour les métiers en pénurie se développe peu.

Résultat : “L’alternance ne représente aujourd’hui qu’une part minoritaire des apprenants en formation qualifiante, et ne mobilise qu’une minorité des employeurs en Wallonie et à Bruxelles”. En Belgique, environ 7 % des diplômés avec un niveau secondaire qualifiant entre 30 et 34 ans ont étudié en alternance. La moyenne européenne est de 30 %. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse dépassent 80 %. Chez nous, 16 % des employeurs forment des apprenants en alternance. Moyenne européenne : 31 %.

La marge de progression est énorme.

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