Belgique

Cette année encore, la réinstallation de réfugiés passera en mode mineur

Le commissaire général aux réfugiés: « En vingt ans de carrière, je n’ai jamais connu une telle situation de crise »

Ils font partie des quelques exilés qui ont pu compter sur le “parrainage de communauté”, un programme mis en place en Belgique par l’organisation Caritas depuis trois ans. Ce programme permet à certains réfugiés de compter sur l’accompagnement de volontaires durant leurs premiers pas en Belgique. “Très concrètement, le groupe d’accueil cherche un logement où la famille vivra de façon autonome pendant au moins un an, l’aide dans les différents moments de la vie, comme les inscriptions à l’école, les démarches administratives, etc.”, explique Anne Dussart, directrice asile et migration chez Caritas. Le dispositif accélère naturellement l’intégration dans le tissu local. Ces programmes existent à travers l’Europe et sont menés par plusieurs organisations qui se réunissaient ce mercredi à Bruxelles afin d’échanger conseils et bonnes pratiques.

Parmi les volontaires, on retrouve par exemple Hadil, elle-même réfugiée syrienne arrivée en 2015. À son arrivée, elle avait pu compter sur l’aide de plusieurs habitants d’Erps-Kwerps (Brabant flamand). Elle fait désormais partie des volontaires, aux côtés de ceux qui l’ont accompagnée il y a huit ans. “Si moi je ne m’engage pas, qui va le faire ?”, demande-t-elle en souriant.

Pas une alternative

Les exilés qui intègrent ce programme suivent un parcours migratoire bien spécifique : celui de la réinstallation. Depuis 2013, la Belgique s’est engagée dans ce projet chapeauté par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR), qui réunit aujourd’hui 42 pays hôtes. Le processus permet de sélectionner dans les pays d’exil (par exemple le Liban pour un réfugié syrien) les personnes qui auront accès au territoire belge selon certains critères. Une fois arrivés en Belgique, les candidats réinstallés ont la certitude d’obtenir un titre de séjour puisque l’examen a lieu en amont.

Plusieurs parcours sont alors possibles. Une petite partie des candidats accèdent directement à un logement indépendant du réseau d’accueil, comme c’est le cas dans le parrainage mis en place par Caritas. Mais dans la très grande majorité des cas les réfugiés séjournent plusieurs semaines dans un centre Fedasil. C’est justement cela qui n’est plus possible depuis plusieurs mois à cause du manque de places d’accueil dans le réseau. Les arrivées sont dès lors reportées et, dans certains cas, les candidats attendent dans les camps de réfugiés situés dans le pays de départ.

Crise de l’accueil : seules 71 personnes réfugiées ont pu être réinstallées en Belgique en 2022

Très loin de l’engagement de la Belgique

Car la réinstallation est un canal de migration en souffrance : en 2022, 71 exilés ont pu être réinstallés, malgré l’engagement belge porté à 1 250. Et cette année, il pourrait bien n’y en avoir aucun. “Le contexte actuel de l’asile et de la migration en Belgique ne fait pas de la réinstallation un choix facile. Les défis sont aujourd’hui considérables. En raison du nombre toujours élevé de demandeurs d’asile, nous ne parvenons pas à offrir un abri immédiat à chacun d’entre eux, malgré les efforts considérables que nous déployons pour créer de nouvelles places”, indiquait le cabinet de la secrétaire d’État à l’asile et à la Migration Nicole de Moor (CD&V), tout en indiquant sa volonté de poursuivre les programmes et de soutenir le parrainage. Cette année, seuls les exilés participant à ce parrainage pourraient être accueillis en Belgique. “Le parrainage ne suffit pas, il ne peut pas être une réponse à un État défaillant”, précise toutefois Anne Dussart.