Belgique

« C’est du jamais-vu »: les fermetures des crèches, ce fléau qui a déjà touché 2000 familles en trois ans

L’histoire de Jodie est loin d’être une exception. Selon la FEMAPE (Fédération des milieux d’accueil de la petite enfance), plus de 2 000 enfants ont perdu leur place en crèche depuis 2020. “Ce que nous connaissons depuis plusieurs mois, c’est du jamais vu. Des crèches ferment toutes les semaines et ce n’est pas près de s’arrêter”, affirme Marie Deboot, garde d’enfants à Namur et porte-parole de la FEMAPE.

Selon la fédération, ces fermetures sont dues à la crise du covid, à la hausse des coûts de l’énergie et à la réforme du secteur de l’accueil de la petite enfance entrée en application en 2020. Plus largement, les conditions de travail peu attractives et le faible salaire du secteur contribuent à la pénurie.

”La crise covid et de l’énergie a mis de nombreux milieux d’accueil à genoux. C’est devenu compliqué pour tout le monde : crèches indépendantes comme subsidiées. On estime que depuis la crise, les accueillantes à domicile sont payées en moyenne 5 euros de l’heure contre 7 euros avant 2020. Qui travaille encore pour des montants pareils ? Les frais de fonctionnement sont énormes et quand on a tout déduit, il ne reste plus rien. Un autre problème est lié directement aux parents. À cause du manque de places, les parents s’inscrivent dans plusieurs endroits et quand une place se libère, ils ne pensent pas forcément à prévenir les autres milieux d’accueil. Sauf qu’en attendant, les crèches ont bloqué une place et un enfant, ça ne se remplace pas en un claquement de doigts. La situation devient juste inextricable. On comprend les parents mais pour nous, les conséquences financières sont réelles.” La FEMAPE pointe également la réforme des milieux d’accueil, qu’elle estime responsable de nombreuses fermetures.

Face aux nombreuses fermetures, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté le mois passé un dispositif d’urgence. Celui-ci prévoit entre autres une aide financière directe et ciblée de l’ONE. La mise en place de réserves de recrutement et d’équipes mobiles est également à l’étude. De plus, pour éviter que les parents se retrouvent privés de crèche du jour au lendemain, les crèches environnantes pourront bénéficier d’incitants et de dérogations pour contribuer à la continuité de l’accueil de ces enfants.

Pour Marie Deboot, il ne s’agit que d’” Un emplâtre sur une jambe de bois !”.“le gouvernement a renforcé le financement pour les milieux d’accueil subventionnés, très bien. Et les autres ? Recaser les enfants dans les autres crèches en cas de fermeture ne marchera pas. Elles sont déjà toutes débordées et pas loin du burn-out. Si le gouvernement veut trouver des solutions, il faut qu’il réfléchisse autrement.”