Belgique

Céline Tellier a sauvé sa tête… pour l’instant : “Si j’avais été informée d’un danger, j’aurais réagi”

Jusqu’à preuve du contraire, écrit-on, parce qu’il semble évident que d’autres auditions seront organisées dans un futur proche. Sous quelle forme ? L’opposition (Les Engagés et le PTB) veut une commission spéciale. Il nous revient que le MR n’y serait pas opposé. Et qui sera entendu ? Cela reste encore à déterminer, mais on peut penser que des membres de l’administration et de la Société wallonne de l’eau (SWDE) seront convoqués. Pour le reste, le PTB aimerait y inviter Zuhal Demir (N-VA), qui a informé son homologue wallonne du taux élevé de PFAS de l’eau du puits du Halle par lequel transitent de l’eau wallonne vers la Flandre. Céline Tellier s’est d’ailleurs défendue sur cet aspect des choses évoquant le fait que la ministre flamande n’a jamais “donné suite à ma proposition de collaboration”.

Demir avait alerté la ministre Tellier

Si Céline Tellier n’a pas été mise en péril ce mardi matin, elle n’est pas encore tirée d’affaire. Certaines réponses qu’elle a apportées en commission restent floues.

La première interrogation concerne un document émanant de l’administration, reprenant les différents taux de contamination suspects. Un document qui est aujourd’hui en possession de la ministre puisqu’elle l’a montré aux députés. Mais, assure-t-elle, ce mail a été traité par un conseiller. “Il ne remonte nullement au sein de mon cabinet. Aucun courrier d’alerte ne m’a été adressé par l’administration ou la SWDE.” Pourquoi le conseiller n’a-t-il pas interprété ce document ou, s’il le fait, pourquoi ne le communique-t-il pas à sa ministre qui a rappelé deux fois qu’elle était une adepte du “principe de précaution” ? Ces questions-là restent floues.

Rupture de confiance avec un conseiller

La seconde question touche à ce fameux conseiller justement. Ce dernier vient d’ailleurs d’être renvoyé vers l’administration wallonne de laquelle il était détaché. Parce que, dit la ministre, elle n’a “plus suffisamment confiance dans la vigilance politique de ce dernier”. Autrement dit, le conseiller a commis une erreur en ne comprenant pas que ce mail pouvait avoir un impact politique – pour la ministre ou pour la population ? Il a donc été sanctionné.

La troisième question floue a trait au rôle de la SWDE et de l’administration. Toutes les demandes et les injonctions qui leur ont été faites ont-elles été suivies d’effets ? Ce n’est pas très clair. Le rôle d’un ministre n’est-il pas de s’assurer que ses injonctions ou ses demandes soient respectées ?

Si un organisme public, une administration ou un conseiller commet des erreurs, le ministre responsable, même de bonne foi, peut-il se dédouaner ? Dans d’autres dossiers on l’a vu, la réponse à cette question est plutôt non.

Un élément d’ordre politique est cependant à l’avantage de la ministre. À quelques mois des élections, dans un contexte tendu que certains tentent d’exploiter – oubliant parfois les positions défendues par leurs partis sur la question des PFAS au niveau européen ‐, la majorité peut-elle se permettre une crise interne ? À moins qu’une preuve trop évidente démontrant la mauvaise foi de la ministre apparaisse, sans doute pas. À l’heure actuelle, on ne peut d’ailleurs pas exclure que d’autres révélations viennent de Flandre et de la ministre Demir dont les oreilles ont sifflé pendant une partie de l’audition de Céline Tellier.