Belgique

Caroline Désir sur la réforme des rythmes scolaires : « Les retours des élèves et des enseignants sont très positifs »

Un peu plus de 6 mois plus tard, quel est le bilan de ce changement de rythme scolaire ? Invitée sur le plateau de LN24 ce matin, Caroline Désir a répondu aux questions de Martin Buxant et fait un premier bilan.

Caroline Désir déterminée à « mener les négociations à leur terme » sur la procédure d’évaluation des enseignants

”En ce qui concerne les élèves, les retours qu’on a sont plutôt très positifs avec des effets bénéfiques, notamment sur la sensation d’être reposé et de revenir à l’école en meilleure condition. Les retours des enseignants sont aussi très enthousiastes. Une semaine, c’est trop court pour vraiment recharger les batteries, tandis qu’avec deux semaines, on a le temps de faire ses préparations, ses corrections et de se reposer. Ils affrontent la période suivante plus reposés”, explique la ministre.

Là où la réforme doit encore faire ses preuves, c’est auprès des parents. Lors d’une enquête menée en 2022, 4 parents sur 10 redoutaient notamment de devoir trouver plus d’occupations pour leurs enfants.

”Il n’y a pas plus de jours de congé qu’avant, ils sont juste répartis différemment », tient à préciser Caroline Désir. « On a voulu soutenir le secteur de l’accueil extrascolaire pour que des stages puissent être organisés. Évidemment, on sait bien que les parents ne peuvent pas prendre congé systématiquement quand leurs enfants sont en vacances. Et donc, on doit trouver des solutions adaptées pour que l’offre soit complète. Celle-ci a été augmentée et on a consacré un budget spécifique chez ma collègue Bénédicte Linard pour accompagner la réforme.”

Au sein de l’opposition, ce qui cristallise tout particulièrement les critiques, c’est le non-alignement des congés scolaires avec la Flandre et la communauté germanophone. Un problème dont est consciente Caroline Désir, et qu’elle regrette.

Comment Caroline Désir compte attirer des enseignants et les garder

”J’aurais préféré que les deux autres communautés s’alignent sur notre rythme », avoue-t-elle. « Je n’ai pas ménagé mes efforts pour essayer de les convaincre. On a présenté la réforme chez les partenaires flamands en vue de la prochaine législature. Le sujet continue à vivre en Flandre. On sait que ça pose problème notamment à Bruxelles, quand les parents ont leurs enfants dans deux systèmes scolaires différents. Ce n’est pas l’idéal et particulièrement à Pâques, où les périodes de vacances seront totalement désynchronisées. Mais je ne peux pas agir sur la communauté flamande et j’ai agi dans l’intérêt des enfants là où je peux le faire.”

Dans l’enseignement supérieur, un projet de nouveau calendrier académique est également sur la table avec notamment une rentrée scolaire en août, une session d’examen mi-décembre et une seconde session en juillet. Ce projet de réforme, porté par la Ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny, inquiète la FEF (Fédération des étudiants francophones). Celle-ci dénonce un “manque de considération du gouvernement pour les étudiants” et a lancé une pétition.

”Ce sont des réformes qui touchent à beaucoup d’aspects de la société. Je pense qu’avoir une réflexion sur les rythmes académiques, ça vaut la peine. Mais pour moi, la réflexion doit aussi être menée sur la manière d’évaluer les étudiants, ce qui constitue le principal reproche de la FEF”, analyse Caroline Désir.

La ministre francophone de l’Éducation est également revenue sur la délicate question de l’évaluation des professeurs, dans le cadre du Pacte d’excellence.

”Ils rejettent le volet ‘sanctions’ et se sentent menacés. Mais ce n’est pas du tout l’objet premier de ce texte. On l’a retravaillé pour protéger les droits des travailleurs au maximum. On continue les négociations avec les syndicats et on a mis encore plus de garanties dans le texte, mais on n’a pas été jusqu’à supprimer les sanctions. Quand il y a vraiment un problème avec un enseignant sur le plan pédagogique, on doit pouvoir le sanctionner. Mais après deux plans d’accompagnement et différentes voies de recours, car on veut donner toutes les chances à l’enseignant de se former et de s’améliorer.”

Au-delà de ce volet qui inquiète les professeurs, la ministre tient à insister sur un autre point du texte : celui de l’accompagnement et du soutien aux enseignants.

Pour Caroline Désir, le nouveau calendrier scolaire ne pose pas de « difficultés particulières » mais « ça ne veut pas dire que c’est facile »

”On a beaucoup de jeunes enseignants qui quittent le métier dans les toutes premières années car ils ne bénéficient pas d’un accompagnement suffisant. Ils se retrouvent du jour au lendemain devant une classe en se sentant mal préparés à la fonction. C’est important de mettre le paquet sur l’accompagnement de ces jeunes mais aussi sur les enseignants qu’on pourrait attirer en seconde carrière. On a un problème de pénurie de professeurs et donc il faut les ancrer dans la carrière.”