Tunisie

Abir Moussi – Mes craintes pour sa santé et pour sa vie – Actualités Tunisie Focus

Depuis les deux premières semaines de sa détention arbitraire en la prison de Mannouba où, en ma qualité d’avocat membre de son Comité de Défense, je lui rendais en moyenne deux visites hebdomadaires, la dernière datant du jeudi 23 janvier, il m’était visible que l’état de santé physique de Maître Abir Moussi se dégradait continuellement.

Malgré la grande discrétion et la phénoménale maîtrise de soi de la femme d’Etat dont je parle, Il ne fait aucun doute qu’elle s’éteint et cela, je ne puis le supporter, ni pour elle, ni pour mon pays.

J’ai retenu ma plume au-delà de toute raison, alors que le drame se joue devant moi. Je ne suis pas médecin, mais, même si je l’étais, un secret professionnel de plus m’y aurait contraint, ce dont il va autrement devant les suites naturelles de l’affaiblissement du corps et les ravages intimes de l’injustice.

J’ai trop longtemps refreiné mon envie de jeter la vérité, si superbement ignorée, à la figure de ceux qui attendent les dernières notes d’une symphonie morbide pour en rejeter la composition froide, patiente, mais aussi incroyablement maladroite sur la fatalité divine.

Aujourd’hui, alors que quatre mois se sont écoulés en l’absence du moindre signe permettant de nourrir l’espoir d’une remise en liberté immédiate de Maître Abir Moussi et que le pire reste à craindre, je continue à croire qu’un sursaut de conscience est possible, qu’il n’est besoin ni de le solliciter ni de l’espérer car il ne peut venir que de lui-même.

Abdessalem Larif