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Aurelio De Laurentiis, le producteur de cinéma qui signe un chef d’oeuvre avec son club de Naples, champion d’Italie

Ce professionnel du 7e art sait qu’il va très vite devoir faire honneur à sa réputation de gestionnaire rigoureux et négociateur habile pour commencer à écrire, déjà, une suite de ce film à succès. En bientôt vingt ans, celui qu’on surnomme « DeLa », âgé de 73 ans, a signé un scénario quasi-parfait : ce Romain d’origine napolitaine a ramené au sommet un club repris en faillite en 2004 et relégué en troisième division, revenu en Serie A en 2007 et qualifié pour les compétitions européennes sans interruption depuis 2010. « Quand je suis arrivé, j’avais dit qu’il faudrait dix ans pour arriver en Europe, une promesse tenue de façon anticipée. Et ensuite, encore dix ans pour le scudetto, promesse également tenue », a-t-il lancé jeudi dans le stade Diego Maradona de Naples, où il a suivi à distance le match du sacre avec plus de 50 000 tifosis.

Ce titre a été acquis à sa manière, avec du spectacle sur le terrain mais une gestion économique serrée en coulisses, qui fait de Naples l’un des clubs financièrement les plus sains de l’élite. « Le football, c’est une industrie atypique, comme le cinéma, c’est pourquoi je m’y suis trouvé bien », a expliqué le producteur en mars. « La seule différence entre le foot et un film, c’est que tu ne connais pas la fin, qui est aussi la partie la plus fascinante », ajoutait ce personnage atypique, qui ne craint jamais de jouer la provocation devant les micros. Il avait suscité une polémique en août en disant qu’il n’engagerait plus de joueurs africains, à moins qu’ils ne renoncent à disputer la Coupe d’Afrique des nations, compétition organisée en cours de saison. Il n’a pas craint non plus de tacler ses propres supporters quand ceux-ci lui ont reproché de préférer vendre des joueurs que de gagner des trophées.

L’été dernier, après les départs de plusieurs cadres, certains tifosis l’avaient même invité à partir se consacrer à son autre club, Bari (en Serie B), à travers le mot d’ordre « A16 », nom de l’autoroute reliant Naples à la ville des Pouilles. Mais neuf mois plus tard, ces tifosis sont aujourd’hui très contents que « DeLa » ne les ait pas écoutés…