Maroc

Sécheresse : L’amélioration du système d’alerte s’impose

Le Maroc a investi depuis 20 ans dans le développement d’un système novateur baptisé CGMS-Maroc (Crop Growth Monitoring System). Cet outil de prévision est appelé à s’améliorer. Son évolution, comme le relève un livre publié par l’INRA, devra inclure tous les acteurs concernés, à savoir scientifiques, décideurs et surtout usagers finaux (assureurs, agriculteurs, conseillers), pour co-construire des services climato-intelligents adaptés aux réalités du terrain.

L’INRA vient de publier un livre inédit axé sur la gestion des risques climatiques dans l’agriculture. Ce document intitulé « CGMS-Maroc, le système d’alerte à la sécheresse et de prévention des rendements céréaliers au Maroc » est le fruit d’une collaboration entre l’INRA, l’Institut agronomique Hassan II, la Direction générale de la météorologie et la Direction de la stratégie et des statistiques. Cet ouvrage présente le système CGMS-Maroc et formule une feuille de route ambitieuse pour faire progresser ce mécanisme. L’objectif étant de promouvoir l’adoption élargie de CGMS-Maroc par l’ensemble des parties prenantes du secteur agricole, en faisant une solution digitale de pointe pour relever les défis posés par l’accroissement des risques climatiques à la sécurité alimentaire du pays.

Défis
« Le Maroc est confronté à des défis croissants pour son agriculture céréalière pluviale, pilier de sa sécurité alimentaire, en raison de la raréfaction et de l’irrégularité accrues des précipitations sous l’effet du changement climatique. Avec des rendements en blé et orge fortement tributaires des aléas climatiques, la production nationale peine à satisfaire les besoins d’une population en augmentation. Pour relever ce défi, le pays a investi depuis 20 ans dans le développement du système novateur CGMS-Maroc (Crop Growth Monitoring System), outil d’aide à la décision pour le suivi des campagnes agricoles et la prévision des rendements céréaliers », peut-on lire dans ce livre qui braque les projecteurs sur les pistes de développement de ce dispositif. « CGMS-Maroc est devenu un système opérationnel de référence répondant aux attentes du ministère de l’agriculture et suivant les meilleurs standards internationaux. Toutefois, face à l’accélération du changement climatique, et dans le cadre de la stratégie «Génération Green», une feuille de route ambitieuse s’impose pour consolider CGMSMaroc en tant qu’outil d’aide à la décision de pointe pour la gestion des cultures en contexte de sécheresse récurrente », relève la même source précisant que de nombreux systèmes technologiques de suivi et de prévision des rendements agricoles ont émergé dans le monde, constituant des références pertinentes pour CGMS-Maroc. Les réalisateurs de ce livre citent comme exemple le système européen MARS, CropWatch développé par l’Académie chinoise des sciences, l’outil américain USDA-FAS, le CRAFT du CGIAR ou encore l’Integrated Canadian Crop Yield Forecaster (ICCYF). «Ces systèmes démontrent les potentialités des technologies modernes – intelligence artificielle, télédétection par satellite, modélisation numérique – pour améliorer le suivi et la prévision des rendements à différentes échelles. Leur approche intégrée fusionnant diverses données météorologiques, agronomiques et satellitaires fournit des informations très détaillées sur l’état des cultures en temps réel. Chaque système présente des forces spécifiques. Ainsi, le MARS européen se distingue par la grande précision de ses prévisions au niveau national. CropWatch assure une surveillance continue et émet des bulletins de référence. L’outil canadien ICCYF fournit des mises à jour en temps réel. Quant au CRAFT, il génère des scénarios interactifs aux échelles locales», argumente la même source. Et d’ajouter : « Ces succès reposent sur plusieurs piliers : l’intégration de données multi-sources, l’utilisation de la télédétection satellitaire, l’implication d’analystes experts, l’évaluation continue des performances, et la diffusion publique régulière des résultats». Pour les auteurs de ce livre, ces bonnes pratiques inspirent des pistes d’amélioration de CGMS-Maroc, tant au niveau des données recueillies, des modèles de prévision que de l’implication des parties prenantes. Ledit ouvrage émet des recommandations prioritaires qui visent à optimiser les statistiques de rendement, fusionner les données météorologiques, développer un masque de culture dynamique, transformer CGMS-Maroc en système collaboratif, renforcer l’évaluation par les pairs et améliorer la diffusion publique. « La mise en œuvre de cette feuille de route ambitieuse positionnera CGMS-Maroc comme système de tout premier plan au niveau international. Il deviendra une référence au service de l’agriculture durable face aux défis posés par le changement climatique », précise la même source.

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Développer la résilience
Durabilité. A moyen terme, ces développements hisseront CGMS-Maroc aux standards des meilleures plateformes agronomiques intégrées. « La finesse spatiotemporelle de son monitoring des céréales en fera un outil précieux pour promouvoir une intensification écologique adaptée aux potentialités de chaque terroir. Ses prévisions précoces et fiables de rendement éclaireront les arbitrages stratégiques en matière de souveraineté alimentaire (gestion des stocks, importations) ». Et d’ajouter : « Au-delà du pilotage conjoncturel des campagnes, CGMS-Maroc a vocation à devenir l’outil central d’intelligence agronomique pour construire une céréaliculture marocaine durablement résiliente face au défi climatique. Ses données localisées sur le temps long seront un atout unique pour concevoir des politiques agricoles sur mesure, évaluer l’impact des programmes d’aménagement et d’incitation, et catalyser l’innovation variétale et agronomique », qualifiant par ailleurs ce système d’outil fédérateur du continuum recherche-développement-conseil. Il incarne, selon la même source, cette synergie entre révolution numérique et savoirs agronomiques qui sera la clé d’une agriculture performante et durable, garante de la sécurité alimentaire du Maroc.