Maroc

«Des secousses postérieures à l’initiale, avec une magnitude plus importante, n’est pas possible à court ou à moyen terme»

Entretien avec Mohammed Kalai Tlemçani, géophysicien-sismologue

Mohammed Kalai Tlemçani, géophysicien-sismologue, analyse le séisme d’Al Haouz, le plus puissant jamais enregistré au Maroc. L’intensité des répliques ne devrait pas dépasser celle du tremblement initial, explique-t-il.

ALM : Est-ce que ce séisme était prévisible? Est-ce que la zone touchée était particulièrement exposée?
Mohammed Kalai Tlemçani : La réponse est non. Aujourd’hui, aucun organisme ne peut prédire une sollicitation sismique. On peut seulement s’en prémunir par des constructions anti-sismiques. Même les pays les plus exposés et situés dans les zones hautement sismiques à l’échelle du globe et qui déploient des budgets pour la recherche dans ce domaine, n’y arrivent pas encore. La position géographique du Maroc entre la plaque africaine et eurasiatique le positionne dans une zone modérément sismique.
L’épicentre du séisme du 8 septembre se situe au niveau d’un accident géologique majeur, connu dans le jargon des géophysiciens et des géologues par la faille sud-atlasique et qui se prolonge de la ville d’Agadir, traversant le Maroc via sa région orientale et continue jusqu’en Algérie. Cette même faille était à l’origine du tremblement de terre d’Agadir de 1960.

Faut-il craindre des répliques ?
Il est tout à fait normal de s’attendre à des répliques après un séisme. Leur intensité ne devrait pas dépasser celle du tremblement initial. Par ailleurs, certains bâtiments déjà fragilisés par la première secousse risquent de s’effondrer en conséquence. La première secousse a été mesurée à une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter, ses répliques surviennent suite à un processus de réajustement tectonique, visant à stabiliser la structure sollicitée.
Est-ce qu’une deuxième secousse d’une telle magnitude, voire plus élevée, est possible ?
L’expérience vécue lors des tremblements de terre à l’échelle mondiale révèle que des secousses postérieures à l’initiale, avec une magnitude plus importante, n’est pas possible à court ou à moyen terme à l’échelle géologique. Seules de faibles répliques peuvent survenir; comme celles ressenties depuis vendredi soir, dans et autour de l’épicentre de Ighli.