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Le pape va à la rencontre de réfugiés dans la Hongrie d’Orban

Samedi matin, quelque 600 réfugiés –originaires pour la plupart d’Ukraine– et personnes pauvres se sont réunis à l’église néo-gothique Sainte-Elisabeth, construite à la fin du XIXe siècle au coeur de la capitale. Un millier de fidèles ont également assisté à l’événement sur le parvis.

Après avoir entendu divers témoignages, dont celui d’Oleg Yakovlev, Ukrainien père de cinq enfants qui a raconté avoir fui son pays en guerre, le pape a remercié les Hongrois, en particulier les associations religieuses, pour avoir accueilli avec « générosité » et « enthousiasme tant de réfugiés ukrainiens », sans évoquer ceux d’autres pays.

A rebours de son discours habituel, le gouvernement Orban aime vanter l’hospitalité offerte à ceux venus de l’Ukraine voisine, thème central de cette deuxième visite papale en moins de deux ans dans le pays d’Europe centrale.

« Rentrer vite »

Depuis février 2022, plus de deux millions d’Ukrainiens ont foulé le sol hongrois mais seulement 35.000 ont réclamé le statut de « protection temporaire » mis en place par l’Union européenne (UE), d’après des données du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (UNHCR).

« Nous nous sentons en sécurité ici, beaucoup de gens nous aident », a confié Olesia Misiats, mère de trois enfants, qui a quitté Kiev l’an dernier. Assise dans l’église avec sa fille et son conjoint, elle se dit « heureuse » de cette visite. « Je respecte beaucoup le pape car il prie pour l’Ukraine, il veut que cette guerre se termine ».

Devant les grilles fermées, sous un ciel grisâtre, Elena, une danseuse ukrainienne de 43 ans ne souhaitant pas donner son nom de famille, est venue « pour voir le pape qui est un grand défenseur de la paix ».

« J’ai un garçon de neuf ans et tout ce qui compte c’est que nos enfants restent en vie », a-t-elle confié à l’AFP aux côtés de sa soeur Vika. « Nous n’avons pas eu de problèmes ici mais nous voulons rentrer vite et ne nous intégrons pas vraiment ».

De fait, la position ambiguë de Viktor Orban à l’égard du conflit n’incite guère les réfugiés ukrainiens à s’attarder en Hongrie.

Refus d’envoyer des armes à Kiev et maintien de liens étroits avec le Kremlin: le dirigeant nationaliste va à contre-courant de la solidarité affichée par l’Union européenne et l’Otan.

La situation est encore plus dure pour les autres nationalités, sur fond de déliquescence du système d’intégration.

Santé scrutée

Loin de l’accueil bienveillant sans distinction prôné par le pape, Viktor Orban brandit sa défense de « la civilisation chrétienne » pour repousser les migrants.

Sous son égide, la Hongrie a bâti des clôtures à ses frontières, détenu des réfugiés dans des « zones de transit » désormais fermées et restreint le dépôt des demandes d’asile aux ambassades à l’étranger. Une politique qui lui a valu plusieurs condamnations de la Cour de justice de l’UE.

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Le pape François et le Première ministre hongrois Viktor Orban au palais Sandor, le 28 avril 2023 à Budapest

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Le pape François et le Première ministre hongrois Viktor Orban au palais Sandor, le 28 avril 2023 à Budapest ©VATICAN MEDIA/AFP

L’an dernier, seules 18 personnes ont obtenu le statut de réfugiés, un chiffre dérisoire qui n’a pas d’équivalent ailleurs dans l’UE.

Plus tôt samedi, le souverain pontife a rencontré des enfants et jeunes handicapés qui ont chanté devant lui. En fin de matinée, il a rendu également visite à la communauté grecque-catholique, Eglise orientale de rite byzantin qui reconnaît l’autorité de Rome.

Il prononcera un nouveau discours dans l’après-midi (14H30 GMT) dans un stade où sont attendus quelque 11.000 jeunes.

Malgré des douleurs au genou persistantes l’obligeant à se déplacer en fauteuil roulant, le pape, souriant, apparaît en assez bonne forme au cours de ce 41e voyage international, un mois après une hospitalisation de trois jours.