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Antisémitisme en France : un imam réclame « des éléments », Darmanin étale ses chiffres

Une déclaration controversée, sur les chiffres avancés sur l’antisémitisme, d’un imam de la Grande Mosquée de Paris crée des tensions et suscite une vive polémique en France

Le mardi 14 novembre, Abdelali Mamoun, l’un des imams de la Grande Mosquée de Paris, a déclenché une polémique en remettant en question le nombre d’actes antisémites en France depuis l’attaque depuis le 7 octobre. Ses propos ont suscité des réactions vives, alimentant les tensions entre les responsables des cultes juif et musulman.

En effet, lors d’une intervention sur RMC, Abdelali Mamoun a refusé de qualifier le Hamas de mouvement terroriste. De plus, il a mis en doute le recensement des actes antisémites en France depuis l’attaque, remettant en cause la réalité des chiffres officiels. Il a donc soulevé des doutes sur les chiffres officiels, demandant où étaient les 1 200 actes antisémites répertoriés. Il a qualifié les jeunes auteurs de ces actes d’« enfants » aux « attitudes puériles », minimisant ainsi la gravité des faits.

Le Consistoire israélite de France a qualifié ses propos de « scandaleux » et a appelé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à intervenir contre de telles déclarations mettant en cause l’autorité de l’État. La dénonciation rapide a souligné l’indignation face à des déclarations jugées inacceptables.

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Darmanin répond à l’imam

Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin a publié ce mardi 14 novembre sur X (anciennement Twitter) le détail des actes antisémites connus de la place Beauvau depuis le début de l’année en France. Depuis janvier 2023, 1762 faits antisémites ont été recensés dans l’Hexagone. En comparaison, 564 faits antichrétiens et 131 faits antimusulmans sont dénombrés.

Il détaille, en révélant que la moitié de ces faits antisémites sont des «tags, affiches, banderoles (parmi lesquels des ’’morts aux juifs’’, des croix gammées, etc.)», détaille le ministère de l’Intérieur. Les menaces et insultes concernent 22% des faits remontés aux services de sécurité. Suivent les faits d’apologie du terrorisme (10%), les atteintes aux biens (8%), les comportements suspects (6%), les coups et blessures (2%) ainsi que les atteintes aux lieux communautaires (2%).

Depuis le 7 octobre 2023, 1159 actes antisémites ont été relevés en France, a affirmé au Sénat Gérald Darmanin. C’est «trois fois plus» qu’en 2022. Et cela représente 66% des actes recensés depuis le 1er janvier 2023. «Il y a une explosion des actes antisémites», expliquait le ministre de l’Intérieur, rappelant que «ces faits étaient déjà hauts avant l’attaque».

La Grande Mosquée de Paris se désolidarise de l’imam

En outre, la Grande Mosquée de Paris a réagi rapidement, soulignant que l’imam n’était pas son porte-parole. Le recteur de l’institution, Chems-Eddine Hafiz, a exprimé son étonnement face à cette intervention non autorisée, affirmant que les propos n’étaient pas émis au nom de la mosquée.

Abdelali Mamoun, après avoir été critiqué, a regretté d’avoir été « très confus » lors de son intervention. Il a également présenté des excuses publiques sur BFM. Cependant, les excuses n’ont pas effacé l’impact négatif de ses déclarations.

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Les tensions interreligieuses s’accentuent, d’autant plus que cet incident survient après la non-participation des chefs de culte musulmans à la marche contre l’antisémitisme. Les relations, normalement fréquentes et saines, sont mises à l’épreuve.