France

Paris : Bientôt des manifestations sur le périphérique ?

La missive a déclenché de grands rires du côté des syndicats que nous avons interviewés. Mardi 2 mai, les chefs des petites et moyennes entreprises franciliennes se sont fendus d’un communiqué de presse pour proposer, entre autres, que les manifestations soient organisées non plus dans le centre de Paris mais… sur le périphérique.

Déplorant des « violences urbaines inacceptables » lors du 1er mai, Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris, une organisation patronale dédiée aux TPE-PME, a proposé que les manifestations puissent « se dérouler symboliquement à proximité immédiate de Paris, mais dans des secteurs moins denses en commerces et en habitations : pourquoi pas sur le périphérique, qui serait fermé pour l’occasion et dédié à la manifestation, offrant ainsi une visibilité exceptionnelle à moindre risque sécuritaire ? »

La proposition, très sérieuse, a été renouvelée sur France Bleu et BFM, où Bernard Cohen-Hadad affirme avoir écrit à ce sujet au ministre de l’Intérieur, au préfet de police et à la Mairie de Paris, demandant que les manifestations aient lieu dans des zones « sans habitation, sans commerce, sans voitures ». Le président reconnaît toutefois qu’il s’agit d’un peu de « poivre » pour pouvoir « dialoguer ensemble ».

« Notre vocation c’est de nous faire entendre »

L’idée a été accueillie avec un grand rire sonore par Jean-Luc Hacquart, l’un des responsables de l’URIF-CGT, l’union régionale qui regroupe toutes les activités CGT en Île-de-France. « On pourrait aussi manifester en Seine-et-Marne, il y a des grands champs, on ne risquerait pas de foutre le feu à une poubelle », plaisante le syndicaliste. « J’attends que le Medef propose d’organiser des manifs sur les pistes de Roissy. Comme quoi les patrons de TEP et PME sont aussi concernés par la réforme des retraites », dit-il, avant de repartir d’un grand rire. Plus sérieusement, le responsable « n’envisage pas de négocier un parcours sur le périph ».

Pourquoi cette proposition a très peu de chances d’être un jour soutenue par les syndicats ? Parce qu’elles tiennent à manifester « près des lieux de pouvoir et de décision », explique Laurent Pagnier, un autre responsable de l’Urif-CGT. « République, Bastille, Nation c’est le parcours historique des manifestations parisiennes, ajoute le syndicaliste. Notre vocation c’est de nous faire entendre. Et pourquoi pas dans le désert ? »

« Je ne suis pas d’accord avec cette proposition, c’est une atteinte à la liberté. On va parquer des manifestants dans des lieux où on ne pourra plus les entendre. C’est le rôle des forces de l’ordre de mieux encadrer pour éviter des débordements », nous a répondu également Brahim Ben Ali, à la tête d’un syndicat de chauffeurs VTC. « Nous pouvons comprendre la CPME mais nous constatons qu’ils ne doivent pas savoir ce qu’est une manifestation », estime aussi l’Union départementale Force ouvrière de Paris. Qui trouve tout de même cela bien « amusant ».